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23 mars 2015 1 23 /03 /mars /2015 12:24
Le Taillis de la Mort...

On évite le pire…

Cet épisode marqua un réel changement dans notre petite communauté. Et j’en étais en partie responsable. Même si, l’âge de chacun avançant, l’évolution naturelle y prit grandement sa part. Les petits larcins ne suffisaient plus. Et ce n’était pas tous les jours qu’on pouvait dévaliser une bonne cave. Je ne sais plus qui proposa des vols d’argent. Une chose est sûre, ce n’était pas moi. Les vrais leaders reprirent la main. Les expéditions devinrent de plus en plus risquées. C’est alors qu’une idée apparemment géniale surgit un soir de beuverie. L’alcool et le tabac avaient, en effet, trouvé une place de choix dans cette petite société qui commençait à ressembler étrangement à celle des adultes. On allait kidnapper le fils du receveur puis l’obliger à verser une rançon puisée dans son coffre que l’on jugeait bien garni.

Au départ, déjà, l’idée ne me plaisait guère. Mais les esprits s’échauffaient et le peu de bon sens qu’il pouvait nous rester disparut dans les vapeurs d’alcool. Il faut dire que la bande d’en haut avait connu la même évolution. Et qu’on était entré dans une dangereuse escalade. Mes réserves furent balayées. J’eus même l’impression d’avoir chuté d’un cran dans la hiérarchie communautaire. La chute aurait été définitive si mes compagnons avaient appris que j’étais à l’origine de l’échec de l’opération. J’avais encore quelque rancœur contre le petit bourgeois profiteur et méprisant. Mais je l’imaginais aux mains d’énergumènes pris de boisson. Je fis en sorte qu’il resta chez lui le jour de l’enlèvement projeté. Il se demande peut-être encore qui avait bien pu lui écrire pour l’informer de la menace.

La bande d’en haut qui s’était lancée, au même moment, dans une attaque en règle contre une maison cossue de la ville connut une rude épreuve. Un de leurs leaders fut pris sur le fait. Et compte tenu de son âge fut emmené par les gendarmes pour une destination inconnue. Ce qui renforçait encore la gravité de la sanction supposée. Ce fiasco des rivaux fit bien un peu rire dans notre groupe. Mais il eut aussi l’avantage de remettre un peu les pieds sur terre aux plus excités d’entre nous.

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15 mars 2015 7 15 /03 /mars /2015 11:56
Le Taillis de la Mort…

Ivresse…

C’est moi, je dois l’avouer, qui amena les bandes à opérer en ville. Et à ne plus se contenter de s’attaquer aux pauvres paysans crédules et isolés. Quelle victoire, quel prestige, quand certains notables finissaient par céder aux peurs irrationnelles réservées aux classes inférieures. Le receveur n’y céda point. J’imaginais alors un larcin qui, je le savais, allait frapper juste. Au cours de mon unique visite, j’avais repéré l’entrée d’une cave, sous le perron, qui renfermait un grand nombre de bouteilles de vin de qualité. Le fils s’était vanté de la présence de ce trésor auquel son père tenait beaucoup.

La réussite de l’opération changea beaucoup de choses pour moi. Je fus brusquement propulsé dans le cercle des dirigeants. Comme conseiller, seulement. Il faut savoir ne pas brûler les étapes. Mais, tout de même, j’avais changé de statut. Et puis, surtout, je fus à l’origine, de nouvelles prestations. Nous bûmes les bouteilles de vin. Il paraît que certains, parmi les plus vieux, avaient déjà connu l’ivresse. Moi pas. Et sans doute, comme moi, la majorité de la bande.

Ce fut une révélation. Je m’étais ingénié pendant des années à faire mon intéressant. A sortir du lot. Avec beaucoup d’efforts et des échecs retentissants. Et là, en quelques heures, je devenais le centre du monde. Je me trouvais drôle, irrésistible même. Et surtout prêt à tout. Avec une volonté et un courage insoupçonnés. Et je ne devais pas être le seul à faire cette découverte. On riait, on parlait, fort, on se trouvait de nouvelles amitiés. Cela ne dura qu’un temps. Heureusement peut-être. La nausée arriva brutalement. Et, là encore, je ne fus pas le seul à connaître le retour à la banalité quotidienne marqué par un violent mal de tête et la perte totale de volonté.

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8 mars 2015 7 08 /03 /mars /2015 11:28
Le Taillis de la Mort…

Trouver sa place

Le même camp existait dans le haut du taillis. Et les deux bandes organisaient des batailles homériques. Etrangement, personne ne pénétrait dans le camp opposé. Un ensemble de règles, que j’eus beaucoup de mal à connaître, encadraient les conflits et leurs résolutions. Une coutume, en quelque sorte, qui pouvait évoluer par consensus entre les leaders des deux bandes et que tout le monde respectait. Je m’appliquais à la repérer et surtout à ne pas l’enfreindre.

Je ne pouvais prétendre au rôle de leader. Je n’en avais ni le statut ni l’étoffe. Mais je décidai de bien me faire accepter en réalisant quelques petits exploits qui semblaient plaire aux enfants importants dans le groupe. Je sus d’emblée trouver la mesure. Il fallait montrer un certain courage, une vraie détermination et, pourquoi pas, quelque imagination. Il m’arrivait parfois d’en avoir. Pas pour prétendre changer la stratégie qui régissait les expéditions contre la bande adverse mais pour proposer quelques larcins inédits. A condition, bien sûr, de rester à ma place et de ne pas prétendre empiéter sur celle de nos chefs.

Il faut savoir que l’activité des deux bandes ne se limitait pas à des jeux d’opposition, parfois un peu vifs, entre elles. Il arrivait même qu’une jonction ait lieu pour s’attaquer à un objectif appartenant à la ville, aux adultes. Il pouvait s’agir de vols de fruits ou autres légumes. Mais aussi de manœuvres nocturnes pour effrayer quelques pauvres paysans terrés dans leur masure isolée. Il s’agissait souvent de bruits, de cris, de frottements contre les murs. L’exploitation d’une superstition fort répandue à l’époque. Je finis par exceller dans l’invention des mauvais esprits et de leurs manifestations de préférence nocturnes.

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1 mars 2015 7 01 /03 /mars /2015 12:07
Le Taillis de la Mort…

Une nouvelle vie

A partir de ce jour, je refusai toute invitation. Mes résultats scolaires baissèrent sérieusement. Et surtout, je cachais ostensiblement toutes mes réponses en protégeant mon cahier des regards suppliants, notamment ceux du fils du receveur. Le jour où je refusai d’intégrer le groupe bénéficiant de l’enseignement particulier du maître, je le déçus un peu. Et je me demandai si j’avais fait le bon choix quand les élèves indigents ne manifestèrent aucun plaisir à mon retour parmi eux.

Mon seul projet fut alors de me faire accepter par ces enfants mal coiffés, mal habillés, qui habitaient les faubourgs de la ville. Et auxquels je ressemblais. Ce n’était pas les quelques vêtements donnés à ma mère qui pouvaient changer les choses. J’étais des leurs et je le revendiquais. Ils n’étaient guère friands des bons résultats que j’obtenais encore et des aides que je leur offrais clandestinement. Ils semblèrent mieux apprécier les grimaces que je me mis à faire dans le dos de mon maître.

Quand certains me proposèrent de faire partie de la bande d’en bas correspondant au quartier où avait toujours vécu ma famille, je sus que j’avais gagné. Et c’est triomphant que je pus entrer dans le camp du bas du Taillis de la mort.

Les enfants des familles pauvres avaient beaucoup plus de liberté que les autres. Outre qu’ils ne suivaient pas tous les cours dispensés par l’école communale, ils n’avaient pas d’horaires bien fixés. C’est à tout moment de la journée qu’ils pouvaient se retrouver dans leurs cabanes. Quelques branches arrachées, des fougères et de l’herbe séchée soigneusement tressées. Et un semblant de palissade censée protéger le camp. Je n’oublierai jamais l’odeur des tiges coupées et du bois mort. J’essaie encore, bien des années plus tard, de la retrouver dès que le soleil brûle la campagne en été.

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22 février 2015 7 22 /02 /février /2015 10:15
Le Taillis de la Mort…

Humiliation…

Mon père a passé sa vie à rafistoler un métier à tisser vétuste dans une cave très sombre. Ma mère a eu sept enfants. Quatre d’entre eux étaient morts en bas âge, vaincus par l’humidité de la cave et les exigences du père. Deux furent sauvés in extremis et placés comme domestiques dans une ferme proche. Quant à moi, quelques aptitudes particulières avaient amené le maire et le curé à exiger de mes parents le droit de fréquenter l’école communale, inscrit sur la liste des élèves indigents. Ne pas avoir à verser la contribution scolaire, plutôt que l’intérêt de leur fils, les incita à accepter les propositions faites par les personnages importants de la ville.

J’échappais enfin aux contraintes familiales qui m’obligeaient parfois à passer des heures près d’un père harassé et colérique. Une classe claire, bien chauffée l’hiver, avec les bûches dont j’étais dispensé. Et les félicitations du maître remplaçant plutôt que les cris et les coups de mon père. Mes réussites en lecture et en calcul intéressèrent certains autres élèves. Les « payants », ceux qui amenaient des bûches et qui, parfois, bénéficiaient d’un enseignement particulier.

J’étais devenu un enfant fréquentable. Les notables de la ville me souriaient. Un jour, même, on m’invita pour un goûter. Le fils du receveur des contributions directes s’était pris d’amitié pour moi. A moins qu’il n’appréciât particulièrement mes bons résultats passant de mon cahier au sien à l’insu du maître. La famille habitait une maison haute, au milieu d’un parc entouré de murs. Je fus ébloui par les tapis, les meubles cirés. Les jeux sortis par mon condisciple n’eurent pas le même effet. J’avais, par moment, le sentiment qu’il ne cherchait pas à jouer avec moi. Son souci était plutôt de ne rien oublier. Il lui fallait tout me montrer. La gêne que je commençais à ressentir s’amplifia quand arriva le goûter. La maîtresse de maison avait invité deux amies. Et on me montra comme le petit pauvre qu’on accueillait charitablement. Je ne touchai pas aux brioches et aux diverses confitures prétextant un mal de dent et m’obstinant jusqu’aux larmes.

Je ne connaissais pas encore le terme mais je sus alors ce que pouvait être l’humiliation.

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15 février 2015 7 15 /02 /février /2015 11:33
Le Taillis de la Mort…

Rappel : à partir de ses déambulations dans le taillis, le narrateur écrit des nouvelles. La première se déroulait pendant la préhistoire. La deuxième est plus contemporaine.

Chapitre 3.

Il habitait déjà depuis quelque temps la maison du Taillis. Les journées se succédaient, lentes et sereines. Il occupait la majeure partie de son temps à la promenade et à l’écriture. Ce jour-là, les jacinthes d’un bleu presque violet tapissaient l’herbe vert foncé du sous-bois. Ces couleurs annonçaient une température idéale pour une marche lente et flâneuse. Il s’assit sur le banc, au pied du rocher qu’il connaissait depuis sa petite enfance. Un reste de croix métallique, enchâssée à son sommet, toute tordue, avait suscité bien des légendes.

Pour certains il s’agissait de commémorer l’assassinat de trois prêtres, vraisemblablement au cours de la Révolution. Pour d’autres, au contraire, c’était en ce lieu que les « Brigands » avaient fusillé un chef républicain chargé de défendre la ville. Chacun ses martyrs songea-t-il en souriant. Il regardait les restes de la croix et pensa alors qu’il n’était jamais monté au sommet du rocher. Pourquoi pas maintenant ? La végétation et le glissement du sol rendaient l’escalade beaucoup moins dangereuse qu’autrefois.

Il examina le ciment qui scellait le pied de la croix. Les années l’avaient rendu très friable. Il sortit son couteau qui ne le quittait plus depuis sa nouvelle vie et se mit à gratter. Il ne serait pas bien difficile d’élargir les fissures et il eut l’impression que la cavité remplie du ciment était beaucoup plus large que la simple fixation du métal ne le nécessitait. Il entreprit de dégager cette cavité. C’était plus dur qu’il ne le pensait. Il serait obligé de s’y reprendre à plusieurs fois.

Il attendit le midi puis, après le repas, s’installa comme tous les jours à son bureau et commença à écrire. Il lui semblait qu’il y avait nécessité à créer une nouvelle histoire. Et la magie opéra.

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8 février 2015 7 08 /02 /février /2015 11:05
Le taillis de la mort…

La fin de Marscus…

Puis, ses parents moururent. Et le Chaman aussi. Son frère et sa sœur avaient quitté la grotte depuis longtemps déjà. Marscus crut, un moment qu’on continuerait à faire appel à lui. Après tout, beaucoup l’avaient félicité pour les courbes bleutées dont il ornait les traces du Chaman. Mais il n’osait proposer ses services. Trop fier, trop sensible, sans doute, il craignait le refus comme une résurgence du rejet de la mère, de la famille et des grottes entières. Il craignait par-dessus tout de connaître à nouveau l’isolement de la journée des grottes. Il se consacra entièrement aux traces colorées. Bientôt, il n’utilisa plus que les bleus et toutes les lignes s’arrondirent.

Les demandes des autres grottes s’espacèrent, puis se tarirent. C’est à cette époque que sa compagne repartit dans sa famille. Son frère et sa sœur lui amenaient régulièrement à manger. Il ne quittait plus sa grotte, traçant sur les parois des ronds bleutés qu’il cherchait désespérément à rendre denses et mouvants. Un jour, dans la deuxième partie de la grotte où aucun Chaman n’était plus venu, il franchit le pas. L’interdiction suprême. Il s’essaya à tracer sur la roche sombre la silhouette d’une femme. Une image déjà volée un jour, par une trouée bleutée. Et quand ses doigts, tremblant un peu, amorcèrent les sphères bleues, la douce chaleur et la tension délicieuse l’envahirent.

Depuis ce jour, il sut qu’il avait atteint ce quelque chose en lui qu’il avait toujours voulu retrouver avant sa mort. Il ne passa plus aucune journée sans se glisser dans le boyau. Il retouchait sans cesse la silhouette aux formes pleines. Rajoutant, toujours plus, de volume, de mouvement, et de douceur soyeuse. Et la mort le prit, là, dans la sphère de pierre. »

Quand il éteignit sa lampe verte, la nuit était depuis longtemps tombée. Demain il retournerait à la grotte et creuserait. Il posa son stylo sur le papier bleu. Cette silhouette bleutée travaillée éperdument par le pauvre Marscus pouvait-elle exister en dehors de sa propre imagination ? Qu’importe, il creuserait. Une chose lui semblait par contre réalité : quelqu’un venait d’entrer dans ce « Fantôme d’Autrui » qui lui semblait à jamais déserté. Un enfant fragile et myope qui a traversé son existence sans jamais dépasser ce brouillard bleuté que personne ne pouvait comprendre. Cet homme réfugié au plus profond de la terre qui, dans sa pâte bleue, avait atteint quelque chose que chacun aimerait bien retrouver avant de mourir. Et cet homme participait désormais de son propre être intime. Le stylo et le papier bleu avaient-ils quelque chose à voir avec la pâte colorée ?

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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 12:09
Le Taillis de la Mort…

La vraie passion…

A partir de ce jour, on ne lui demanda plus de participer aux travaux journaliers de la grotte. On lui donnait à manger sans rechigner. Il lui semblait même que la famille, qui s’était agrandie d’une petite sœur, le regardait autrement. Il se consacra uniquement aux traces en essayant de faire apparaître d’autres animaux sur les parois. Bien souvent, personne ne les reconnaissait. Puis, petit à petit, il lui sembla qu’on s’intéressait à son travail quotidien. Le Chaman vint lui rendre visite avec des membres d’autres grottes. Il arriva même qu’il accompagnât le Chaman et traçât, avec lui, dans de petites salles obscures, des troupeaux entiers. On faisait appel à leur service, aussi, pour laisser des traces aux entrées même des grottes. Comme ces traces disparaissaient rapidement, l’activité était souvent renouvelée. Au bout de quelques années, il put ramener suffisamment de nourriture pour ses besoins personnels. Il lui arriva même de compléter le repas de toute la famille.

Pendant cette période, le regard des autres changea. Marscus avait l’impression d’être reconnu et apprécié. On tenta même de lui présenter une compagne. Il plongea son propre bâton dans le ventre offert. Il y eut quelques plaisirs. La femme vécut quelque temps dans la grotte familiale. Il l’observait parfois, recherchant l’émotion connue pendant la journée des grottes. Cela semblait faire plaisir à sa compagne. Et quand elle le voyait l’œil fixé sur elle, elle n’hésitait pas à s’exhiber. Et là, le charme était rompu. Il y avait donc autre chose que les rondeurs oscillantes qui, d’ailleurs, lui paraissaient beaucoup moins élastiques et soyeuses quand il les touchait. Il lui fallait voler ces images pour amorcer le plaisir de la première fois, plaisir qui s’estompait rapidement. Jamais il ne retrouva la chaleur et la tension découvertes derrière la palissade verte par la trouée bleutée.

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25 janvier 2015 7 25 /01 /janvier /2015 11:26
Le Taillis de la mort…

La naissance d’une vocation.

Marscus ne chassa jamais. Il réussissait très mal ce qu’il entreprenait pour aider la famille. La taille des pierres, la préparation des peaux, lui amenaient toujours des remarques humiliantes, même de la part de sa mère. Il ne semblait trouver sa place qu’au fond de la grotte. Là où les torches étaient impuissantes à repousser l’obscurité. Il se risqua même à se glisser dans l’étroit boyau réservé au Chaman. Plusieurs fois dans l’année, celui-ci disparaissait dans ce passage réservé. Il emmenait toujours avec lui des herbes, des boissons étranges et de ces pâtes colorées que Marscus n’avait cessé de travailler depuis la journée des grottes. La première et la dernière à laquelle il avait assisté.

Un jour, le Chaman lui demanda s’il n’était pas entré dans l’étroit passage. Il crut connaître encore reproches et rejet. Mais il fut étonné de l’intérêt porté aux traces qu’il avait laissées sur les parois du boyau. Dès qu’il le pouvait, il manipulait la pâte, isolé dans ce qu’il croyait être le plus profond de la grotte. Ce jour-là, le Chaman lui demanda de le suivre. Il découvrit qu’au bout du passage une autre salle s’arrondissait.

Il passa une journée dans cette rondeur rocheuse. Il but un étrange liquide qui, un instant, lui rappela la tension et la chaleur de la journée des grottes, jamais retrouvées. Le Chaman lui montra les traces qu’il avait lui-même laissées sur la paroi. Marscus les suivit du doigt. Et, avec stupeur, il vit émerger la silhouette d’un cheval en pleine course. Il eut droit d’ajouter quelques taches sur le dos de l’animal.

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18 janvier 2015 7 18 /01 /janvier /2015 11:31
Le Taillis de la Mort…

Une nouvelle découverte…

Il ne reconnut pas l’homme qui le traînait vers sa mère. Il entendit seulement la colère. Il reçut même plusieurs coups. Et quelque temps plus tard, il se retrouva dans un groupe d’enfants s’ébattant dans un enclos, surveillés par quelques vieilles femmes. Tous ces enfants étaient plus jeunes que lui. Et il y avait une majorité de filles. Il distingua à peine des garçons de son âge qui riaient derrière les barrières végétales. Mais il n’eut aucun doute. On se moquait de lui.

Il resta un long temps accroupi dans un coin de l’enclos. Il regardait à peine les silhouettes qui traversaient le brouillard bleuté si familier. Après avoir retrouvé un calme protecteur, il décida d’explorer l’enclos. A part quelques courses, quelques cris, les enfants étaient occupés, par petits groupes. Il distinguait mal ce qu’ils réalisaient et n’osait pas s’approcher trop près.

Il sentit alors une main qui le tirait par la manche. Pas ce geste brutal qui l’avait arraché à ce moment magique qu’il avait vécu en épiant le couple plus tôt. Mais une douce invite. Il se laissa aller. Cela faisait déjà pas mal de temps qu’il refusait cette confiance dont sa mère l’avait brutalement frustré. Il se tourna et s’approcha du visage sur lequel progressivement apparaissaient les yeux, le nez, la bouche… Une petite fille, souriante.

Quelques minutes plus tard, il plongeait les doigts dans des pâtes colorées et, comme la petite fille, laissait des traces sur de vieilles peaux craquelées. Il semblait fasciné. La couleur apparaissait, se transformait, disparaissait à sa guise. Il avait comme une sensation étrange au bout des doigts. Il s’essaya à explorer différents mouvements. Les traces lui obéissaient. Il sentit alors une chaleur connue au niveau des oreilles. Elle ne descendit pas jusqu’au ventre. Mais, quand il réussit à tracer quelques courbes maladroites il sut qu’il était sur la voie. Qu’il pouvait s’approcher du bouleversement total vécu au spectacle de la femme et de l’homme derrière la palissade. Ce fut furtif. Il tenta, toute la fin de la journée, de retrouver quelque chose d’approchant. Mais il s’épuisa en vain.

Il lui sembla que le retour à la grotte familiale était plus léger. Le père et la mère parlaient beaucoup. On lui prit même la main. Quant au frère, il semblait transformé. Il marchait, l’air important à quelques pas, derrière.

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