Je me garderai bien de prendre parti sur le fond dans les polémiques entre le maire et son opposant. Je n’en ai ni l’envie ni les compétences. Mais je plains les lecteurs du compte-rendu de cette séance plutôt mouvementée. Il faut une certaine ténacité pour le lire en entier. On en avait déjà eu un aperçu dans les articles de journaux mais là, on peut toucher du doigt le niveau des invectives. Donc, pour la forme, je ne peux que condamner.
Un point réconfortant tout de même : la décision de l’adjoint aux sports de quitter son poste d’adjoint car il avait annoncé « qu’il fallait renouveler l’équipe et trouver quelqu’un de plus jeune ». Il restera délégué aux sports et mettra son expérience au service de son successeur. Après quatre mandats, il passe donc la main tout en s’impliquant dans ce passage. Un comportement remarquable, pas toujours facile, mais qui me paraît nécessaire pour faire vivre toute structure collective.
Une interrogation : pour une décision de subvention à l’école publique, le maire demande aux conseillers parents ayant des enfants scolarisés dans l’école de ne pas participer au vote. Comme s’il pouvait y avoir, dans cette situation, un possible conflit d’intérêts. Cela me paraît excessif et peu approprié. Il ne s’agit pas ici d’une entreprise privée ou d’une association mais du service public d’éducation. Un effet peut-être des tensions existant au sein du conseil ? C’est dommage.
« Le journal d’une femme de chambre » (Octave Mirbeau)
J’ai relu ce livre dans le cadre de la préparation d’un prochain roman se déroulant dans le milieu des domestiques au 19e siècle. J’ai été frappé par la qualité de l’écriture qui ne m’avait pas marqué lors de la première lecture. Mais, au-delà de ce talent d’écrivain, c’est sans doute la finesse de l’analyse psychologique des personnages qui m’a impressionné. On en croise beaucoup car la narratrice raconte les nombreuses places qu’elle a occupées, les nombreux amants qu’elle a rencontrés. Tout cela dans un monde de petits bourgeois et de gens de maisons.
La plume de Mirbeau est féroce. Elle débusque toutes les petitesses, les noirceurs des maîtres. Sans pour autant être manichéen. Les domestiques eux-mêmes ne sont pas décrits sous leur meilleur jour. Cette vision pessimiste du monde est sans concession. Elle met en avant ce que l’humain a de moins noble en lui. Cela change de certains romans qui, à l’époque, magnifient la bonté, la beauté, l’amour… un peu déconnectés du réel.
Son premier roman édité. Les thèmes que l’on trouve dans toute son œuvre sont déjà là. Le déracinement d’un milieu populaire à un milieu intellectuel, bourgeois. Avec toutes les ambivalences : honte du milieu familial frustre mais avec une reconnaissance et pas mal d’amour dans le milieu d’origine ; sentiment de ne pas être à sa place, humiliation, mais aussi fascination dans le nouveau milieu. Et, au centre de tout cela, l’expérience de l’avortement.
Cet entre-deux, , ces culpabilités, sont traités grâce à un style particulier. Réflexions profondes côtoient l’utilisation d’un langage parfois cru. Tout cela mêlé. On se laisse embarqué par ce flot de paroles qui, parfois, pourrait fatiguer. L’impression d’une répétition sans fin qui, en réalité, correspond à une écriture dense, travaillée. Qui explique sans doute pourquoi l’autrice vient de recevoir le prix Nobel de littérature.
Ce n’est pas un essai, même si les citations et les notes de bas de pages sont nombreuses. Même si l’autrice a une expérience et des connaissances en littérature (autrice et lectrice) qui sortent de l’ordinaire. Il y a déjà quelque temps que je m’intéresse à cette autrice dont l’œuvre me paraît exceptionnelle, par sa diversité, sa densité.
Cette fois, elle parle d’elle et de son rapport aux personnages de fiction qu’elle crée ou qu’elle découvre grâce à ses nombreuses lectures. Au-delà de l’écriture, sa personnalité, ses convictions, ses engagements confirment ce que j’ai pu trouver dans ses livres : lucidité, humour, autodérision, avec aussi un regard acéré sur la société dans laquelle elle évolue.
Féministe, le titre de l’ouvrage, à lui seul, le confirme. Ses revendications me paraissent très justes, tout du moins en ce que je peux percevoir en tant qu’homme et bien modeste lecteur qui s’essaye parfois à l’écriture. Un livre à relire et à garder près de soi.
Action Directe, terroristes de gauche des années 1980 sont remis au goût du jour avec deux romans en quelques mois. Après « La vie clandestine » dont j’ai déjà parlé, un autre roman dans lequel Joël Aubron est au centre du récit. Avec un autre personnage purement romancé : le policier qui la traque et est séduit par sa personnalité. Le style de l’autrice ne m’a pas plu. Des clichés, un langage plus que familier par moments. Et la place donnée au policier m’a dérangé.
J’espérais une analyse des membres d’Action Directe, pourquoi pas centrée sur Joëlle Aubron mais nous permettant de comprendre le glissement d’un militantisme radical à un terrorisme n’hésitant pas à tuer. J’aurais aimé en apprendre plus sur Nathalie Ménigon. Quant au quatrième membre arrêté dans la ferme du Loiret, Georges Cipriani, il n’apparait qu’à la fin du roman.
La « fille aux yeux d’or », la caresse sur les cheveux de la part du policier, tout cela m’a paru superflu…
J’ai relu ce roman quand je devais visiter la Maison de Zola à Médan. Ce contexte particulier a certainement influencé ma lecture. Toujours est-il que j’ai trouvé le roman génial. Ceux qui font la fine bouche sur le talent de Zola devraient y regarder à deux fois. Au-delà du travail préparatoire pour s’imprégner du milieu qui y est décrit, la structure du récit, l’étude psychologique des personnages sont remarquables.
On est vraiment plongé dans la misère du petit peuple au temps des transformations parisiennes, d’ouverture des grands boulevards… Les ravages de cette misère, de l’alcoolisme, sont saisissants. L’auteur n’est pas toujours très tendre avec ses personnages. Mais il ne les juge pas et juge plutôt la société qui engendre cette misère.
On a attaqué Zola pour le langage utilisé. Il rejette la critique de grossièreté, rappelant qu’il n’a fait que décrire la réalité. Il y a toujours dans ses romans des descriptions réalistes du cadre, des actions, mais sans longueur comme parfois dans d’autres de ses romans. Belle lecture.
Au départ, on s’attend à un roman centré sur Action Directe, un groupe d’ultra gauche qui, dans les années 1980, est tombé dans la violence armée. Il y a bien dans le livre le portrait de ces idéologues qui ont choisi le meurtre et qui ont passé plus de vingt ans en prison. Mais, très vite, on se rend compte que l’autrice fait, en même temps, un retour sur sa propre histoire, notamment sur ses relations incestueuses avec son père.
Le cœur du roman, dans un parallèle entre les deux histoires, traite de la complexité de la mémoire, des difficultés à retrouver la réalité. La notion de bien et de mal, le repentir, occupent aussi une grande place dans le roman. Dans sa quête d’une vérité difficile à atteindre, l’autrice rencontre des acteurs de cette période où une minorité « révolutionnaire » a fait le choix de la lutte armée.
J’aurais aimé une analyse psychologique plus fine des acteurs, notamment Joëlle Aubron et Nathalie Ménigon. Comment elles ont vécu leur emprisonnement. Leur évolution personnelle en prison. Mais était-ce possible ?
Un roman très original. 73 chapitres très courts. Comme des pièces d’un puzzle qui, progressivement, se construit. Trois époques : le Moyen Age, le 19e siècle et notre monde actuel. Une œuvre d’art : les tapisseries de la Dame à la Licorne. Avec de nombreuses problématiques abordées comme la condition féminine, la dérive commerciale de l’art… Et une belle langue simple et poétique par moments, plus réaliste à d’autres. L’auteur présente son œuvre comme une plaisanterie, un petit roman. Il est trop modeste.
Pour moi, ce roman illustre le pouvoir de l’écriture quand elle est pratiquée par des écrivains de talent. Les trois héroïnes principales : la tisseuse qui connaîtra le viol et le bûcher ; George Sand retirée à Nohant, désabusée par le milieu littéraire et artistique en général de son époque ; Clara, aux prises avec la dureté économique de la sienne. Ce qu’elles ont à endurer, leurs stratagèmes pour se défendre, variant à chaque époque, illustrent bien la place qu’on a toujours accordée aux femmes. Et tout cela avec humour, poésie, sans écarter la dureté de la réalité. Une belle réussite.
On a besoin d’hommes et de femmes dynamiques, compétents, courageux, pour assumer les tâches d’élus. Et quand ils sont régulièrement réélus, c’est qu’ils ont donné satisfaction. Malheureusement, pour assurer ces fonctions difficiles, il faut aussi souvent une certaine hypertrophie du moi, un ego un peu disproportionné. C’est pourquoi des contre-pouvoirs sont nécessaires pour éviter à ces élus le sentiment de toute puissance qui peut entraîner des dérives. On voit cela à tous les niveaux de la Présidence de la République au plus modestes des conseils municipaux.
Si l’on en croit la presse, l’ambiance du dernier conseil municipal de Gorron a été « suspicieuse et houleuse ». Sans entrer dans les détails (notamment le rôle de l’Association des Citoyens Gorronnais), le maire, dans un premier temps, a balayé les critiques : « du grand n’importe quoi », « les choses se sont toujours faites dans les règles » pour, ensuite reconnaître au cours du conseil, quelques erreurs, « il se peut que nous ayons fait des erreurs, mais les erreurs sont humaines ».
Je pense qu’il aurait été préférable de commencer par cette reconnaissance. On aurait peut-être ainsi pu éviter les invectives, le mépris réciproque. Quand le conflit ne peut être réglé entre deux parties, il faut un tiers pour le résoudre. En l’occurrence, ici, la justice. Des plaintes devraient être déposées pour conflits d’intérêts, manque de transparence, règlements non respectés… On peut le regretter mais les accusations sont graves. Espérons que les jugements, quels qu’ils soient, seront rapides et feront retomber la tension.
Après Tolstoï, un autre génie de la littérature Russe. Mais, à part la longueur du récit, ils ne se ressemblent guère. En ce qui me concerne, j’ai apprécié la densité, la diversité des thèmes abordés et l’écriture elle-même du roman.
L’analyse psychologique des personnages est remarquable. Mais la complexité de ces personnages, leurs caractéristiques (théâtralité, émotivité, tendance à l’ivresse, parfois à la violence) m’ont parfois déstabilisé. Sans compter des passages qui m’ont paru interminables, notamment au cours du procès de Mitia accusé du meurtre de son père. D’autres, plutôt hermétiques comme lorsque le deuxième frère, Yvan, délire, dans un discours mystique.
Mais d’autres passages, notamment parlant des enfants, m’ont paru magnifiques. Le positionnement du narrateur qui peut, par moments, s’adresser directement au lecteur, le style, en général, ne peuvent que laisser admiratif devant la puissance et l’intensité de cet auteur qui, d’une affaire policière, un drame familial, arrive à une interrogation profonde sur la raison d’être même de l’Homme.
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Principalement axé sur l'histoire locale (ville de Gorron), ce blog permettra de suivre régulièrement l'avancée des travaux réalisés autour de ce thème.
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