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26 avril 2015 7 26 /04 /avril /2015 11:17
Le Taillis de la Mort…

Autoanalyse…

L’image que j’avais de moi ressemblait à une vaste étoffe suspendue. Où en étaient les bords, à quoi tenaient les fils ? Je n’ai jamais eu l’ambition ni la présomption de les atteindre. Et aujourd’hui encore, une quête d’une telle nature me paraît toujours bien vaine. Cette étoffe peut être de soie, aux reflets et aux couleurs magnifiques. Mais elle peut être aussi de toile rêche et brune en fonction de la lumière dans laquelle elle baigne. Sa surface peut-être lisse ou doucement vallonnée. Elle peut aussi être tourmentée en une succession de creux et de bosses, soumise au vent sur lequel elle se meut. Par endroits, des déchirures ou même des trous noirs peuvent l’altérer.

La question fondamentale qui émergea au cours de ma démarche fut celle d’une action volontaire de ma part susceptible d’influer sur les divers éléments constitutifs de l’étoffe. Je compris assez vite que, bien souvent, la lumière et le vent échappaient à mes tentatives. Mais il arrivait tout de même parfois que je pouvais accentuer ou limiter leurs effets. Et cette découverte suffit à faire émerger en moi un sentiment de liberté, de puissance, limité, mais source de bonheur.

Le chemin fut long avant cette découverte. Après avoir quitté la ville, une grande partie de l’étoffe était occupée par un vaste trou noir que l’éloignement n’avait fait que creuser. Dans un premier temps, je tendais naïvement de le combler. L’acte que j’avais commis n’était pas volontaire. Ma responsabilité en était d’autant plus allégée. Le garçon qui était entré brutalement dans notre jeu stupide n’avait-il pas lui-même quelques parts de responsabilité ? Rien n’y faisait. Mes pauvres arguments s’engloutissaient dans le trou, sans rien combler. Et quand, dans une ultime tentative, je tentais d’imaginer qu’une autre balle que la mienne avait pu tuer, je comprenais alors l’absurdité de mon entreprise.

Je voyais le moment où le reste de l’étoffe allait être aspiré et disparaître dans ce trou qui me paraissait sans fond. Je vis cette glissade s’accélérer et l’étoffe, telle une flamme torturée, disparaître, happée. J’aurais pu, à cette époque, accompagner ce mouvement vers l’anéantissement. Mais je dois avouer qu’à aucun moment je n’ai vraiment songé au suicide. Par lâcheté. Peut-être. Mais aussi, sans doute, par amour de la vie et le sentiment que cet acte appelait un pardon qui ne pouvait être accordé. Par curiosité aussi. Qu’allais-je faire de ce trou ?

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