Article XXII
Illustration : un abbé au 18e siècle
L’abbé Fleury, après s’être débarrassé du concierge trop babillard à son goût, entre enfin chez l’abbé Yvon qui, heureux de cette visite inattendue, « ne pouvait y croire ». Mais, derechef, les participants au dîner donné chez ce prêtre mondain tout acquis aux idées des Lumières, et sur l’identité desquels l’auteur ne nous fournit aucune indication, se montrent très curieux, agaçant davantage notre abbé :
« Au bavard portier succédèrent les bavards convives; chacun s'empressa de me questionner sur le sujet de mon voyage. — ‘‘ Ventre affamé, m'écriai-je, n'a point d'oreilles; je suis tourmenté de la faim : servez-moi à manger. Quand je serai parvenu où vous en êtes, (ils prenaient le café), je répondrai à vos questions. Primo vivere, deinde philosophari ’’ ».
Il poursuit : « L'estomac rassasié, je satisfis tous les convives sur le motif de mon voyage ; après quoi, je me retirai dans ma chambre pour y faire toutes mes prières et me reposer ».
Fleury ne donne pas d’informations supplémentaires sur cette soirée et ne s’étend pas davantage sur ses retrouvailles avec son compatriote. Il en dresse néanmoins le portrait dans les lignes suivantes, sur lequel nous reviendrons la semaine prochaine.
Corentin Poirier