Second tome de l’histoire d’Aliénor d’Aquitaine. Après avoir divorcé du roi de France, elle se marie avec le roi d’Angleterre. Avec ses deux fils, elle se lève contre ce second mari. Cette femme forte, attachée à son duché d’Aquitaine qu’elle veut défendre contre Henri II Plantagenêt, perdra et sera détenue pendant de nombreuses années.
Comme dans le premier tome, le narrateur est un des personnages centraux, Richard Cœur de Lion, fils préféré d’Aliénor. Des lettres d’Aliénor elle-même et un témoignage de la fiancée de Richard qu’il n’épousera jamais, complètent le récit. Ces procédés, changeant de narrateur, dynamise le roman.
L’autrice qui ne prétend pas avoir réalisé un ouvrage purement historique a cependant été très fidèle à la grande histoire. Elle revendique la complémentarité entre imagination et réalité dans ce genre de roman. Elle réussit ainsi à faire revivre cette époque marquée par les violences, les trahisons, les conflits incessants pour redessiner la distribution des territoires entre les familles nobles.
Je ne connaissais pas l’auteur mais le thème ne pouvait que me séduire : une absence dans l’arbre généalogique de la famille sur plusieurs générations. Retrouver celui qu’on a voulu effacer et pouvoir faire revivre cet anonyme, une démarche qui me touche.
Le narrateur, à la première personne, nous décrit l’enquête qu’il a menée pour retrouver l’absent. Il choisit une construction qui va à l’envers des recherches classiques. En règle générale, on se plonge dans les archives et, à la fin, on remplit les zones d’ombre à l’aide d’un peu d’imagination. Lui, il commence par imaginer le parcours du membre de la famille effacé. Il préserve ainsi le suspense et le lecteur a hâte de connaître la clé du mystère.
Cela m’a dérangé. Et les motivations de ceux qui ont voulu oublier finissaient par devenir répétitives et traîner un peu. D’autant plus qu’à l’évidence l’auteur aurait pu trouver plus vite la solution. Dommage. Même s’il s’agit d’un roman bien écrit.
Il n’y a sans doute pas plus d’incestes aujourd’hui qu’hier mais la parole se libère. L’autrice évoque ce qu’elle a vécu, violée pendant des années par son beau-père. Mais il ne s’agit pas d’un discours détaillé de son calvaire. Et s’il y a quelques scènes un peu crues, elles sont rares et sont là pour illustrer l’ignominie des actes.
Ce qui préoccupe l’autrice, c’est de comprendre. Elle tente d’analyser en détail ce qui peut se passer dans la tête du violeur, les dégâts provoqués chez la victime. Elle élargit son propos aux préjugés, aux idées toute faites : la résilience, la parole, le procès… qui ne jouent pas le rôle qu’on dit chez les victimes. Quand elle décide de porter plainte, de demander un procès public, c’est pour les autres, la protection des futures victimes, la prise de conscience des drames…
Pour ses nombreuses réflexions, analyses, elle a recours aux œuvres littéraires. Elle élargit, approfondit, ce qui peut parfois entraîner des redites et donner un aspect brouillon au texte. Texte cependant nécessaire à qui veut aborder ce phénomène difficile à comprendre où la domination d’autrui l’emporte sur les seuls aspects sexuels.
« Attaquer la terre et le soleil » (Mathieu Belezi)
Le prix Inter m’a souvent permis de découvrir des auteurs originaux. C’est une nouvelle fois le cas en 2023. La conquête de l’Algérie au 19e siècle. Une alternance de courts chapitres. Les uns sur les militaires chargés de cette conquête et les autres sur les colons arrivés pour exploiter les terres. Deux points de vue différents avec, en arrière-plan, la population indigène considérée comme des barbares à civiliser.
Le premier point de vue est porté par un capitaine, caricature du militaire limite malade mental, violent, bête, raciste et méprisant. Le second par une pauvre femme à qui on a fait miroiter les bienfaits de la colonisation et qui ne rencontre que la misère et la mort.
Dans un texte court, à l’aide d’une langue parfois crue, Belezi dit tout des méfaits de la colonisation. Ses personnages illustrent la complexité de la nature humaine capable de la pire barbarie mais aussi d’amour et de solidarité.
Le prix des libraires nous change un peu des autres prix qui couronnent le plus souvent des auteurs déjà confirmés. Original, à l’écriture agréable (l’auteur a manifestant du talent) dans laquelle l’humour peut être présent malgré le thème : la Grande Guerre, la boue, la mort, les blessures… Tout cela est bien rendu sans pour autant s’appesantir.
J’ai lu ce roman comme un conte qui aurait pu s’appeler « la fille de la lune et le poète ». Il faut accepter certaines invraisemblances dans le récit et goûter sa dimension poétique. Un amour sublimé pour une pauvre Alsacienne née allemande et un jeune bourgeois qui s’oppose à sa mère et est passionné par l’écriture et la poésie en particulier. Le narrateur, lui-même blessé de guerre, n’a pu totalement sortir de son expérience douloureuse. Il en est encore à rechercher des soldats disparus de 14-18 à l’aube même du Second conflit mondial qui s’annonce.
Je crois qu’on doit faire confiance aux libraires. Leur prix n’a rien à envier aux autres.
Ce bel ouvrage nous renseigne sur l’ancienneté et la diversité du thé. Découvert en Chine il y a plusieurs milliers d’années, sa consommation s’est diffusée progressivement sur toute la planète. En suivant cette diffusion, l’autrice nous fait voyager et découvrir des paysages, des coutumes, avec délicatesse et empathie.
Les illustrations, toutes de couleur orangée, photos de l’autrice elle-même, accompagnent parfaitement le texte. On comprend, grâce à elles, que la consommation du thé, ses rituels, correspondent aussi à un voyage intérieur. Couleurs, odeurs, lieux, jouent un rôle important pour l’équilibre personnel. Les voyages permettent aussi des pauses qui régénèrent. Une belle réussite.
« Dix ans d’Action Directe – un témoignage 1977-1987 » (Jean-Marc Rouillan)
Après l’essai « Action Directe », j’ai voulu aller voir ce qu’en disait un de ses principaux dirigeants : Jean-Marc Rouillan. Toujours avec l’ambition de comprendre la dérive vers les assassinats ciblés. Je suis passé assez rapidement sur les analyses géopolitiques et sociologiques qui ont bercé ma propre jeunesse. Je me suis plus intéressé à la psychologie de l’auteur.
Ses convictions, avec le recul, peuvent paraître un peu délirantes. Mais, replacées dans l’époque, elles sont tout à fait logiques. Rouillan, dans ses premières mobilisations, a combattu le franquisme. Plus tard, ce sont l’état et le capitalisme en général. Pour lui, c’est la guerre. Et, en ce sens, mitraillages, explosions puis assassinats ciblés sont des actes de guerre, de défense légitime.
J’ai été un peu surpris par la diversité des groupes pratiquant ces actes. Difficile de savoir combien de combattants étaient directement concernés. Surpris par les précautions prises pour ne pas toucher des victimes innocentes. Et leur banalité. On a parfois l’impression d’avoir affaire à des personnes ordinaires ayant choisi un mode de vie extraordinaire fait d’attaque de banques, de vie communautaire, plutôt déphasé par rapport au réel.
Dans cette rubrique, je donne mon avis sur des lectures, sur des événements gorronnais (comme les décisions du conseil municipal, par exemple). Sans prétention, juste un réaction personnelle…
Note de lecture
« Rouge c’est la vie » (Thierry Jonquet)
Un excellent auteur de romans noirs et policiers. Cette fois, il raconte son histoire et celle de sa femme avant leur rencontre. Leurs années de militantisme, fin 1960, début 1970. Militants tous les deux. Lui chez les trotskistes, elle dans la jeunesse juive et son passage dans les kibboutz israéliens. On plonge dans l’utopie de cette époque, l’aspiration à la Révolution, au changement radical de la société capitaliste aux relents colonialistes. Il y a quelque chose de touchant dans cette naïveté, ce souci de la pureté. Surtout pour un lecteur comme moi qui était jeune à l’époque. On les accompagne aussi dans leurs désillusions, au moment où le réel impose ses contraintes. Sans oublier pour autant les trahisons de certains… Une bonne lecture même si les intermèdes dans l’immense machine de monsieur Hazard m’ont paru un peu artificiel.
Une exposition à partir de mes documents utilisés lors de deux expositions (« Les trente Glorieuses » et « Vers l’an 2000 ») est réalisée à la médiathèque de Gorron pendant les vacances (juillet/août 2022).
Le mardi 21 juin 2022, je présenterai cette exposition à l’aide d’un power point et de vidéos à la médiathèque (20 h).
Un ouvrage historique « Vers l’an 2000 – 1939-1999 » est disponible à la maison d’édition « le Petit Pavé » (18 euros). Editions du Petit Pavé BP 17 Brissac-Quincé 49320 Saint-Jean des Mauvrets
Les retraités sont allés en visite à Hercé, Colombiers, Brecé, Lesbois. Dans le livret, plusieurs chants sont reproduits :
A notre Dame du Bignon : gloire à la Vierge immaculée, à notre Dame du Bignon, qui dans sa robe constellée, garde les enfants de Gorron. (A. Herpin).
La Gorronnaise : au bon vieux Maine, il est un coin de terre, que la Colmont féconde de ses eaux , d’obscures sentiers, des bois pleins de mystère, coupent le sol, couronnent ses côteaux.
Des photos illustrent le programme de la retraite : la visite au château du Bailleul, la séance de clôture…
:
Principalement axé sur l'histoire locale (ville de Gorron), ce blog permettra de suivre régulièrement l'avancée des travaux réalisés autour de ce thème.
Vous trouverez dans ce blog trois thèmes liés à l'histoire de la ville de Gorron. Les différents articles seront renouvelés régulièrement. Ceux qui auront été retirés sont disponibles par
courriel à l'adresse suivante : jouvinjc@wanadoo.fr