L’erreur d’Auguste
Il expliqua les circonstances de ce qui était, pour lui, malgré tout un suicide. Mais il avoua être arrivé au bord de l’étang avant que sa fille ne se jette à l’eau avec son enfant. Qu’il avait tenté de la retenir, qu’elle s’était débattue et qu’elle s’était blessée en tombant dans l’étang avec le bébé. Il n’avait rien pu faire. Il était trop tard. Un instant Simonin eut presque pitié de ce vieillard qui s’écroulait, les larmes aux yeux. Il faillit même le consoler. A quoi bon revenir sur ces événements passés ? Quand il pensa à son chien.
Auguste n’eut alors aucune difficulté à expliquer ce qui s’était passé. Le chien avait tenté de sauver Adèle et l’enfant. Mais la vase de l’étang l’aspirait. Il aboyait. Il allait ameuter tout le monde. Il fallait le supprimer. C’est à l’aide d’une branche qu’il l’enfonça dans l’eau et la vase. L’ancien maire ne vit pas le visage de Simonin. C’est tout juste s’il ne plaisantait pas sur la résistance de la bête. Il n’aurait certainement pas compris le mélange de haine et de souffrance qui envahissait son gendre. Il saisit tout de même quelque chose de terrifiant dans le regard qui le fixait.