Des liens se créent
Un jour, il accompagna même Hyppolite qui rendait visite au Pirotte, à l’asile départemental. Pendant le trajet, ils échangèrent peu de mots mais rien d’hostile ou d’exagérément tendu entre eux. Le médecin se confia même un peu. Il regrettait les limites des connaissances en médecine. Simonin ne voyait plus l’homme cynique et arrogant soucieux de sa seule carrière. Mais un praticien en proie au doute. Il s’entendit, lui-même un peu étonné, tentant de remonter le moral du médecin. Quelles que soient les limites de son art, les tâtonnements dans les soins prodigués, tout médecin apporte beaucoup au pauvre malade. Il revint alors sur l’épisode du Pirotte et félicita Hyppolite pour son attitude au moment de la piqûre. Celui-ci sembla sincèrement touché.
Il parla de l’Asile. Des méthodes plus que barbares du professeur responsable des soins. Il s’inquiétait pour le Pirotte. Contenu dans une baignoire muni d’une espèce de couvercle, le pauvre pouvait recevoir sur le front, pendant des heures, voire des journées entières, une goutte d’eau lancinante. Avec un tel traitement, les gouttes d’eau devenaient pour lui comme du plomb fondu prêt à lui transpercer le front. Sans compter les douches brûlantes ou glacées, administrées à n’importe quel moment du jour ou de la nuit. L’hydrothérapie. La théorie en vogue du professeur. Hyppolite en connaissait les dégâts et se demandait comment il allait trouver son patient.