Soulagement
Simonin, dans un premier temps, était effaré par la nouvelle. Puis la lucidité revint. Et avec elle un cynisme un peu froid. Malheureusement, l’homme n’était toujours pas sorti de l’animalité. L’accès à la culture, dont il avait été un des instruments pendant sa vie professionnelle, n’était-il qu’un vernis illusoire ? Vernis qui permettait de maintenir un semblant de vie sociale à peu près apaisée. Mais vernis qui craquait si vite dans les situations extrêmes. Individuelles ou collectives.
En attendant, il fallait agir. Une nouvelle fois, il se retrouva avec le gendarme et le médecin. Il fut décidé de passer d’abord par la gendarmerie. Le père fut arrêté. Il dessaoulait, pour l’heure, dans une des geôles de la prison, tout près de chez Simonin. Il se passa alors une chose étonnante. Les trois hommes se retrouvèrent dans la maison du maire, dans le corps d’habitation depuis bien longtemps fermé. Recevoir les deux hommes, qu’il avait un temps soupçonnés de meurtre, lui aurait paru impensable il y a encore peu. Il n’était pas allé jusqu’à leur ouvrir l’ancien four à pain mais l’effort était remarquable.
Hyppolite et Gaspard semblaient soulagés. Ils sentaient, cette fois, que tout était bien fini. L’accusation du Pirotte leur avait déjà permis de retrouver un peu de calme. D’autant plus que les lettres anonymes s’étaient arrêtées. Mais, désormais, ils savaient qu’on tenait le coupable qui avait déjà avoué. Il pouvait toujours se rétracter, les effets de l’alcool ayant disparu. Mais le témoignage de la femme ne laissait planer aucun doute.