Le journal de Marie Gauquelin (épouse Boullard)…
Décembre 1788
Une société vient de se créer : Société des amis des Noirs. Son objectif : la suppression de l’esclavage. Je ne connaissais pas bien cette pratique mais j’ai commencé à m’y intéresser. J’ai appris, avec horreur, que, depuis très longtemps, on capturait des gens en Afrique et qu’on les transportait dans des conditions inhumaines de l’autre côté de l’Océan Atlantique. Ils perdaient alors toute liberté et étaient obligés de travailler, comme des bêtes, dans diverses plantation.
Nous savions que des gens noirs cultivaient le coton, notamment, et nous voyions des gravures les représentant dans des champs, au soleil, apparemment plutôt heureux de leurs sort. Je ne pouvais imaginer leur véritable condition. Je les voyais comme nos propres journaliers dont la vie n’est pas toujours facile mais qui échappent à la misère, comme les ouvriers fileurs de coton qui se sont révoltés près de Falaise en Normandie et ont brûlé une machine à tisser pour ne pas perdre leur travail. Au moins ceux-là sont libres même si leur travail les attache au lieu où ils vivent et si brisés de fatigue, ils peuvent difficilement goûter à cette liberté.