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Trouver sa place
Le même camp existait dans le haut du taillis. Et les deux bandes organisaient des batailles homériques. Etrangement, personne ne pénétrait dans le camp opposé. Un ensemble de règles, que j’eus beaucoup de mal à connaître, encadraient les conflits et leurs résolutions. Une coutume, en quelque sorte, qui pouvait évoluer par consensus entre les leaders des deux bandes et que tout le monde respectait. Je m’appliquais à la repérer et surtout à ne pas l’enfreindre.
Je ne pouvais prétendre au rôle de leader. Je n’en avais ni le statut ni l’étoffe. Mais je décidai de bien me faire accepter en réalisant quelques petits exploits qui semblaient plaire aux enfants importants dans le groupe. Je sus d’emblée trouver la mesure. Il fallait montrer un certain courage, une vraie détermination et, pourquoi pas, quelque imagination. Il m’arrivait parfois d’en avoir. Pas pour prétendre changer la stratégie qui régissait les expéditions contre la bande adverse mais pour proposer quelques larcins inédits. A condition, bien sûr, de rester à ma place et de ne pas prétendre empiéter sur celle de nos chefs.
Il faut savoir que l’activité des deux bandes ne se limitait pas à des jeux d’opposition, parfois un peu vifs, entre elles. Il arrivait même qu’une jonction ait lieu pour s’attaquer à un objectif appartenant à la ville, aux adultes. Il pouvait s’agir de vols de fruits ou autres légumes. Mais aussi de manœuvres nocturnes pour effrayer quelques pauvres paysans terrés dans leur masure isolée. Il s’agissait souvent de bruits, de cris, de frottements contre les murs. L’exploitation d’une superstition fort répandue à l’époque. Je finis par exceller dans l’invention des mauvais esprits et de leurs manifestations de préférence nocturnes.