Note de lecture
« Chanson douce » (Leïla Slimani)
La mode est à la réflexion sur la violence. Il n’est donc pas étonnant que le Goncourt consacre un roman traitant de ce thème. Il s’agit là d’une violence particulièrement insupportable : le meurtre, par une nounou, des deux enfants dont elle a la garde. L’auteure a échappé au roman à suspens, style roman noir. C’est sans doute pour cela qu’elle a obtenu le prix.
Le crime est annoncé d’emblée. Le récit, centré essentiellement sur Louise, la maman, nous permet de comprendre l’acte. La psychologie de la meurtrière est bien vue : la montée d’un délire chez une personne déséquilibrée, même si ce délire s’inscrit dans une forme d’hyper adaptation à son rôle de nounou.
L‘écriture est simple. La lecture facile. Cela n’empêche pas l’auteur d’aborder des thèmes divers très contemporains : celui, par exemple, du rôle de mère dans la modernité actuelle, partagée entre son désir de se réaliser professionnellement et sa culpabilité de confier ses enfants à une autre.
Des prix Goncourt comme celui-là peuvent être critiqués : pas assez « grande littérature », pas assez « difficiles ». Il n’empêche qu’ils remplissent un rôle fondamental : ouvrir le champ de la lecture au plus grand nombre.