« La condition ouvrière » (Simone Weil)
La philosophe, passionnée, « révolutionnaire », a commencé dans la défense des opprimés, des déshérités sociaux de la classe ouvrière. Puis, elle a fini sa vie dans un mysticisme tout aussi absolu. Ce parcours atypique se caractérise par un engagement total.
Dans sa période militante, elle est allée travailler en usine (bien avant les « établis » de 1968). C’est cette expérience qu’elle raconte dans son ouvrage, analysant la souffrance prolétarienne dans les années 1930.
J’ai été surpris par sa lucidité, par sa modération même. Elle dénonce radicalement la condition ouvrière de l’époque. Les humiliations, les injustices érigées en système par le patronat pour briser toutes manifestations de dignité revendicatrice de la part des ouvriers. Mais son analyse ne se contente pas de décrire d’une manière manichéenne la lutte des classes évidente à l’époque. Elle prend en compte les intérêts qui s’affrontent pouvant être plus complexes que ne le voudraient les « révolutionnaires ». Une belle leçon d’engagement lucide et courageux.