Le journal de Renée Boullard
Dimanche 12 novembre 1747
Les années se suivent et souvent se ressemblent. La France est toujours en guerre. On finit par y être habitué. Personnellement, je ne m’intéresse pas à ces multiples batailles dans la mesure où aucun de mes proches n’y participe. Je suis beaucoup plus préoccupée par le prix du grain qui augmente considérablement en cette fin d’année. Des récoltes médiocres signifient bien souvent une mortalité en hausse qui, cette fois, nous concerne tous.
Il paraît que le Royaume va enfin s’occuper de notre réseau routier. On a fondé une école des Ponts et Chaussées qui formera des ingénieurs chargés de rendre un peu plus cohérent ce réseau qui ne cesse de se dégrader. Malheureusement, Gorron n’est pas près d’être concerné. Notre petite ville, en période de pluie, de gel, est pratiquement isolée tant la boue, les fondrières rendent les déplacements difficiles.
Certains aiment ces saisons d’automne et d’hiver noyées de boue. Pour moi, elles engendrent le plus souvent une tristesse qui n’a rien de doux. Même si, parfois, mon cœur, enveloppé d’un linceul vaporeux, étrangement, éprouve un plaisir que mon cerveau, surpris, rejette.