Le journal de Renée Largerie
Dimanche 25 octobre 1733
Je me remets péniblement devant mon secrétaire. D’écrire, même quelques lignes, me coûte de plus en plus. Je voudrais faire état d’une catastrophe qui a touché des pays pas très éloignés de notre Bas-Maine. La Loire, ce majestueux fleuve, apparemment si paisible, est sorti brutalement de son lit. Des territoires immenses ont été inondés. Les cultures ont été ravagées et, plus graves, de nombreuses personnes ont péri, noyées.
Beaucoup moins grave mais qui fait pas mal de bruit, les maîtresses de Louis XV. Cette pratique extra conjugale amuse et ne porte pas préjudice au Roi. Cette fois, par contre, le fait que quatre sœurs l’aient été, consécutivement j’espère, fait jaser et rire parfois. J’aurais plutôt tendance à être bienveillante après ma propre aventure. Même si, en ce qui me concerne, cela n’arriva qu’une fois.
Quand j’y pense, la nostalgie n’est pas loin. Cette femme qui cédait à son corps me paraît si loin. Depuis quelques mois, les douleurs m’envahissent. Des douleurs profondes. J’ai beaucoup maigri. L’image que me renvoie mon miroir sombre, mes yeux creux et mon teint cireux, j’y vois une horreur froide qui m’effraie.