Fictions…
Le journal de Renée Largerie
Dimanche 25 novembre 1731
Un grand scandale a secoué le royaume en octobre. Un jésuite est accusé de sorcellerie, de relations sexuelles et d’inceste spirituel par sa pénitente. On se divise pour ou contre le prêtre. Personne, mis à part l’homme et la femme, ne détient la vérité dans cette affaire. Et c’est justement dans l’ignorance que les convictions se font catégoriques.
Je ne connaissais pas la notion d’inceste spirituel. Je suppose que le jésuite était le confesseur de la jeune femme. Je ne sais pas s’il était adepte de la sorcellerie. Ce que je sais, par contre, c’est que les prêtres peuvent être, comme tout homme, tourmentés par la chair. J’ai moi-même eu à remettre en place un vicaire de Gorron que je ne nommerai pas. On pourrait donc se dire que la jeune femme aurait dû savoir fixer des limites. On oublierait alors l’emprise que peut avoir un confesseur sur les fidèles.
Finalement, le jésuite a été blanchi. Mais le doute existera toujours. Et je plains la jeune femme. Sa réputation est définitivement entachée. Menteuse ou trop faible, sa situation n’est guère enviable. Pauvre martyre, elle aura beau tenter de fuir le monde railleur, elle aura du mal à dormir en paix.