Un journal (purement fictif) tenu par un membre d’une vieille famille gorronnaise, me permet de revenir sur des éléments marquants de l’histoire de la ville dans le cadre de l’actualité nationale annuelle…
Tour de France
Le journal de Marguerite Péan (épouse Gabriel Boullard)
Décembre 1903
Les députés de la Mayenne sont intervenus à la chambre au sujet de la réglementation des bouilleurs de cru. Il faut dire que dans notre région, le sujet est sensible. Si, au niveau national, on se préoccupe de l’alcoolisme (un congrès national contre l’alcoolisme été organisé à l’Ecole de médecine à Paris), c’est plutôt le commerce de la « goutte » qui préoccupe les Gorronnais. De la même façon, on s’insurge plus contre les misères faites aux congrégations religieuses que contre les ravages de l’alcool.
Nous sommes allés avec mon mari admirer le viaduc construit à Mayenne par Gustave Eiffel. Le tramway, désormais, franchit la Mayenne. Les progrès en matière de transport me fascinent. Il y a d’abord eu les trains, maintenant on fait même circuler des wagons sous la terre à Paris. Ces progrès entrainent parfois des catastrophes . Un incendie dans la ligne deux du métro a fait 84 morts. Il peut y avoir des accidents lors des courses automobiles.
Mais on ne retient que le bon côté des choses. Par exemple, la première grande course de vélo : le Tour de France, 2 428 km, remporté par Maurice Garin. On se demande comment des hommes peuvent réussir des exploits pareils.
Le journal de Marguerite Péan (épouse Gabriel Boullard)
Décembre 1901
Je m’amuse, souvent, à acheter « l’Echo de la Mayenne » et « La Mayenne ». Au-delà des échos locaux qui sont bien maigres, les polémiques entre les catholiques souvent hostiles à la République et les anticléricaux, par leurs outrances et leur manque d’objectivité, me font rire.
Plus sérieux, le tramway va désormais desservir la gare de Gorron. Bien commode pour les voyageurs, il va aussi jouer un rôle bénéfique pour le commerce et l’industrie en général. J’ai pris plaisir à assister au comice. Les animations festives (course de vélo, fanfare, feu d’artifice) font oublier un peu les soucis de l’époque.
Un député a déposé un projet de loi donnant le droit de vote aux femmes. Ce projet de simple égalité entre hommes et femmes a déclenché de nombreuses protestations. J’ai moi-même eu quelques difficultés avec mon mari, à ce sujet qui, s’y oppose radicalement.
Le droit à créer une association devrait permettre aux citoyens de s’organiser en dehors des cadres officiels mais ce droit est soumis à quelques règles. Comme d’habitude, cela a entraîné une polémique au sujet des congrégations religieuses qui ne veulent pas se soumettre à cette loi.
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Le journal de Marguerite Péan (épouse Gabriel Boullard)
Décembre 1899
Auguste le Marchant, ayant retrouvé sa fonction de maire contre le duc d’Abrantès, décède. Il est remplacé par Pierre Gendron (ci-contre), propriétaire de la tannerie qui emploie des dizaines d’ouvriers.
Les automobiles commencent à apparaître, même dans les campagnes. Il est décidé de réglementer la circulation. Un certificat de capacité pour la conduite est imposé et la vitesse des véhicules est limitée à 30 km/h dans la campagne et 20 km/h en agglomération.
Plus important, sans doute, les conditions de travail des ouvriers connaissent, elles aussi, des réglementations censées les protéger. Avec l’entrée d’un premier socialiste dans un gouvernement des mesures sociales pourront être développées.
Avec la création de l’Action française et des tentatives de coups d’état, l’extrême droite et l’antisémitisme tentent de freiner cette évolution.
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Le journal de Marguerite Péan (épouse Gabriel Boullard)
Décembre 1898
Pendant que l’affaire Dreyfus déchire la société française et qu’on condamne un grand écrivain pour un article défendant Dreyfus dans un journal, nous avons, nous aussi nos « petits soucis ». A Brecé, le Conseil général veut réduire le nombre de débits de boisson à 14. La population est outrée ! A Gorron, nous en sommes plutôt à 40. Une diminution sensible mais qui est naturelle.
Plus sérieusement, il est question de construire une gare à Gorron. Un petit train à vapeur devrait relier Mayenne à Landivy. Désenclaver notre ville est certainement une bonne chose. Le développement industriel en sera favorisé. Pour l’instant, nous avons une tannerie et une usine de salaison qui, avec les fabriques de chaussures, emploient beaucoup de Gorronnais.
Une seconde foire a été accordée à la ville qui ne pourra que soutenir cette activité économique.
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Le journal de Marguerite Péan (épouse Gabriel Boullard)
Décembre 1897
Un incendie meurtrier à Paris au bazar de la Charité : 121 morts, beaucoup de femmes qui fréquentent les grands magasins. Des incendies, à Gorron, il y en a de temps en temps. Généralement ils ne font pas de victimes mais c’est toujours un événement. Nos pompiers sont très efficaces et très dévoués.
Il semblerait que les femmes commencent à être un peu mieux considérées. Elles peuvent, désormais, être admises à l’Ecole des beaux-arts. Elles peuvent aussi témoigner dans les actes d’état civil et notariés. Dans nos petites villes, elles restent encore bien dépendantes des hommes. Leur condition mériterait bien d’être améliorée, notamment les nombreuses domestiques bien souvent maltraitées dans les campagnes comme chez les bourgeois.
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Le journal de Marguerite Péan (épouse Gabriel Boullard)
Décembre 1896
René Gayet
Deux courses cyclistes ont été créées : en avril, Paris-Roubaix, en mai, Paris-Tours. La course automobile, Paris-Marseille, en septembre. L’évolution de ces deux moyens de transport est impressionnante. Beaucoup se passionnent pour eux et ces courses enthousiasment les spectateurs.
A Gorron, un pâtissier, René Gayet, s’intéresse particulièrement à ces évolutions. A l’image de ces courses nationales, il a tenté d’organiser une activité sportive autour de la bicyclette. Bien que sa profession soit éloignée de la mécanique, il est considéré comme un spécialiste. Et les premiers propriétaires de ces engins (vélo ou automobile) viennent souvent le consulter en cas de panne.
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Le journal de Marguerite Péan (épouse Gabriel Boullard)
Décembre 1895
Le duc d’Abrantès est maire de Gorron. Il a succédé à Auguste Le marchant qui a gardé des ambitions politiques. La rivalité entre les deux hommes marque la vie de la ville. Le premier se dit bonapartiste, sa femme descend d’un général de Napoléon. Il est proche de la cure. Le second s’affirme résolument républicain.
Cette rivalité a abouti à la création de deux sociétés de secours mutuels. Ce qui est une aberration pour une petite ville de 2 533 habitants. Heureusement, la population se réunit autour du sport et des fêtes. Un vélo club vient d’être créé.
Au niveau national, l’affaire Dreyfus semble être réglée. Le capitaine a été dégradé, condamné au bagne. Il se trouve actuellement dans l’île du Diable d’où on revient rarement. Beaucoup s’en réjouissent, notamment à Gorron.
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Assassinat de Sadi Carnot
Le journal de Marguerite Péan (épouse Gabriel Boullard)
Décembre 1894
On ne parle plus que des anarchistes à Gorron. Une grande partie de la population est persuadée que la peine de mort pourrait arrêter les attentats. Mais, malgré les exécutions capitales qui se multiplient, rien n’arrête les assassinats. Le Président de la République, Sadi Carnot lui-même, a été tué. Je m’interroge sur l’efficacité de ce genre de peine.
Mais une affaire commence à beaucoup faire parler, même en province. Un capitaine juif est accusé de trahison. Il aurait transmis des informations aux Allemands. Nous avons une rue des Juifs à Gorron. Personne ne sait pourquoi. Jusqu’à présent, être juif ne semblait pas poser problème. On ne savait même pas qui l’était dans notre ville. Mais désormais chacun s’interroge. Être juifs devient une tare.
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Le journal de Marguerite Péan (épouse Gabriel Boullard)
Décembre 1892
Ravachol
Un comité républicain a été créé à Gorron. Il faut dire que le Pape qui a invité les Français à adhérer à la République participe à l’évolution politique du pays. Les Royalistes, pendant longtemps hostiles à la République, soutenus autrefois par l’Eglise, sont moins influents, même dans les petites communes de l’ouest.
La législation du travail progresse et c’est une bonne chose. Les jeunes de 15 ans ne doivent pas travailler plus de 10 h par jour et ceux de 18 ans plus de 12 h. Le Parti Ouvrier gagne certaines élections municipales de grandes ville. Mais les anarchistes, avec leurs attentats à la bombe, effraient la population. Un des leurs, Ravachol a été guillotiné.
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Le journal de Marguerite Péan (épouse Gabriel Boullard)
Décembre 1891
Je ne sais pas si je mérite la confiance de ma belle-mère. Poursuivre le journal commencé depuis si longtemps par Renée Largerie est une lourde charge. Ne pas perdre la mémoire de notre famille , de celle de son berceau, m’oblige désormais. Heureusement, je me suis toujours intéressée à l’actualité de notre époque. J’espère que j’aurai la constance de Marie. Ce qui me sera difficile, c’est l’actualité gorronnaise. Pour le moment nous n’habitons pas à Gorron. Heureusement nous nous y rendons souvent.
Marie Constance a plusieurs fois évoqué l’organisation des ouvriers pour améliorer leur sort au travail. Un drame s’est passé lors du 1er mai à Fourmies. On a tiré sur des manifestants. J’ai entendu parler de dix morts. La société française semble traversée par des tensions politiques importantes. Les partisans du général Boulanger ont vu leurs espoirs s’évanouir quand ils ont appris qu’il s’était suicidé sur la tombe de sa maîtresse.
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Principalement axé sur l'histoire locale (ville de Gorron), ce blog permettra de suivre régulièrement l'avancée des travaux réalisés autour de ce thème.
Vous trouverez dans ce blog trois thèmes liés à l'histoire de la ville de Gorron. Les différents articles seront renouvelés régulièrement. Ceux qui auront été retirés sont disponibles par
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