Un journal (purement fictif) tenu par un membre d’une vieille famille gorronnaise, me permet de revenir sur des éléments marquants de l’histoire de la ville dans le cadre de l’actualité nationale…
Le journal de Gabrielle Boullard (épouse Daniel)
1943
Chacun se débrouille comme il le peut pour améliorer son quotidien. On trouve des agriculteurs qui acceptent de vendre des denrées non comptabilisées dans le rationnement. C’est interdit mais, tant qu’il n’y a pas d’abus (des prix ou des quantité trop élevés) les gendarmes français ou allemands sont relativement tolérants. Par contre, ce qu’on appelle le marché noir grâce auquel certains essaient de faire fortune est sévèrement réprimé. Un trafic d’orge et de son a été démantelé à Gorron et à Saint-Aubin Fosse-Louvain.
On s’est organisé pour soutenir les soldats prisonniers en Allemagne et leur famille. Beaucoup de Gorronnais sont absents. On essaie tout de même de ne pas fermer les artisanats dont le chef n’est pas revenu de la guerre. D’anciens apprentis réussissent à maintenir l’activité en attendant le retour des prisonniers.
La vie n’est pas facile. Mais la ville essaie tout de même, grâce notamment à notre maire M. Dollé, de rester active. La piscine est officiellement ouverte et un club nautique est créé. Le cinéma Jeanne d’Arc, un moment suspendu, a repris ses séances.
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Le journal de Gabrielle Boullard (épouse Daniel)
1942
Les mères et les naissances sont célébrées. La fête des mères est relancée par le régime de Vichy. A Gorron, une prime est donnée pour la première naissance de l’année. La devise « Travail Famille Patrie » illustre bien l’orientation politique de l’Etat Français. La mise en avant de la femme me convient plutôt bien mais j’aimerais que son rôle ne soit pas seulement de faire des enfants.
Il y a un côté un peu artificiel dans cette fête alors que la guerre fait rage. On commence à parler de résistance en Mayenne. Des petits groupes distribuant des tracts antiallemands, aidant des prisonniers français évadés se créent. Certains les soutiennent. Beaucoup obéissent à Pétain et il y en a même qui les dénoncent à l’occupant.
Un projet municipal m’étonne. On envisage de construire un terrain de sports pouvant servir au départ aux écoles, mais aussi une piscine. Pourquoi pas ? Il n’empêche que la situation devient de plus en plus difficile en France. La zone libre vient d’être occupée. Les Allemands, paraît-il, commencent à connaitre des défaites.
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Le journal de Gabrielle Boullard (épouse Daniel)
1941
Pour la France, la guerre semble finie. Le maréchal Pétain dirige l’Etat français. Bien sûr, l’occupation par les Allemands perturbe notre vie mais beaucoup s’y habituent malgré les privations que cela entraîne. Nous n’avons pas eu de victimes de guerre à déplorer mais des Gorronnais manquent à l’appel, prisonniers en Allemagne. Nous avons bien des prisonniers sur notre territoire, qu’on peut employer dans les fermes, mais ce sont des nord-africains qui, apparemment, ne sont pas les bienvenus chez nos vainqueurs.
Des élus municipaux sont aussi absents ce qui n’empêche pas la commune de fonctionner. On y fait même des projets : construction d’un terrain de sports, d’un groupe scolaire (réunissant les écoles : communale de filles, maternelle et communale de garçons). L’activité économique tourne au ralenti, on essaie d’indemniser comme on peut les ouvriers au chômage.
Malgré tous ces temps difficiles, les actions de bienfaisance continuent : les sociétés sportives gorronnaises vendent des bons de solidarité dont la recette est distribuée aux pauvres de la commune.
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Le journal de Gabrielle Boullard (épouse Daniel)
Le FCG
1940
Comme toutes les autres communes, Gorron est touchée par les conséquences de la guerre : les hommes chargés de familles prisonniers en Allemagne, les restrictions alimentaires, le couvre-feu, le changement d’heure, le chômage… et la présence de l’occupant. Un Gorronnais meurt au Champ d’honneur à Boussois (Eure). Des ouvrières de l’usine de chaussure voulant faire grève ont été condamnées à la prison avec sursis, tout du moins celle considérée comme la meneuse.
Mais malgré ces temps dramatiques, la vie reprend son cours. La fusion des deux clubs de football concurrents (la Jeanne d’Arc et l’Union Sportive Gorronnaise), symbole de la rivalité entre la cure et les laïques, est considéré comme un événement. Le maire M. Dollé et l’abbé Betton sont élus présidents de ce nouveau club : le Football Club Gorronnais.
Les revendications des bouilleurs de cru réapparaissent. On demande la réouverture du service de cars reliant Gorron à Laval. Un patronage paroissial ouvre pour tous les enfants de la commune : « Cœur Vaillants »… La vie continue.
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Le journal de Gabrielle Boullard (épouse Daniel)
1937
Notre nouveau maire, M. Goussin, est décédé. Il n’aura pas eu le temps de marquer son passage à la mairie. Par contre, il laissera des souvenirs aux Gorronnais attachés à la laïcité. Il avait fondé l’Union Sportive gorronnaise, contre point à la Jeanne d’Arc créée par la cure. Dans son testament, il verse des sommes importantes aux écoles laïques et au bureau de bienfaisance. Ses idées étaient proches de la gauche actuellement au pouvoir avec Léon Blum.
A Gorron, cette poussée politique à gauche ne bouleverse pas la ville. Elle a accueilli un grand festival de gymnastique qui a réuni tout le monde. Et la fraude à l’eau de vie est toujours présente, quelle que soit la politique. Trois fraudeurs avec 800 litres d’alcool ont été arrêtés.
Il n’en est pas de même au niveau national. La Cagoule, une organisation clandestine d’extrême droite, a fomenté un coup d’état. La droite en général demande que le gouvernement soutienne le dictateur Franco en Espagne qui a renversé la république. Les tensions sont importantes.
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M. Goussin
1936
La démission de notre maire Joseph Pottier a fait beaucoup parler dans la ville. Tout a commencé par des pétitions contre l’entreposage des « boues » sur le Champ de foire. Les riverains supportaient de plus en plus mal les odeurs persistantes jusqu’à la vente de ces « boues » comme engrais aux agriculteurs. L’élection de M. Goussin, après que M. Rousseau eut refusé le poste, n’a pas été facile.
Le nouveau maire, républicain affirmé, l’arrivée d’un gouvernement de gauche, le « Front populaire », effraient certains gorronnais. Pourtant, malgré les difficultés de nos usines de chaussures, l’économie gorronnaise semble ne pas se porter si mal. Une usine de petite métallurgie s’installe, rue Jean-Jacques Garnier, un cimentier d’origine italienne réunit plusieurs artisans maçons dans une importante entreprise de maçonnerie et de travaux publics.
La mort d’un ancien soldat de la guerre de 1870 contre les Prussiens nous rappelle les conflits avec l’Allemagne dont la Grande Guerre encore toujours présente dans nos mémoires. Ce qui se passe en politique chez nos voisins allemands commence à en inquiéter plus d’un.
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Bouilleurs de cru
1935
La commune, comme celles des environs, s’élève contre les nouveaux règlements encadrant la production des bouilleurs de cru (fabrication d'alcools de fruits). L’augmentation des taxes, le contrôle des productions, sont rejetés par les propriétaires. Un mouvement de protestation se propage dans notre région. Une manifestation de plus de 1000 participants a lieu à Gorron. La municipalité, comme beaucoup d’autres, démissionne pour soutenir les manifestants.
Notre maire, Joseph Pottier, réélu il y a peu après les municipales favorables à la gauche, accompagne le mouvement. Par contre sa position à propos des boues (résultat des ordures ramassées sur les rues de la ville) entreposées sur le Champ de foire semble poser problème au sein du conseil municipal.
Le conseil est plus unanime pour interdire aux grands magasins de s’installer sur le marché. C’est moins évident pour la création d’un abattoir municipal. Les abattoirs privés, non fermés, donneraient un spectacle immoral aux enfants.
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1934
6 février 1934
Après le chômage entraîné par l’incendie de l’usine de chaussures, c’est un manque de travail qui fragilise la fabrication des chaussures : 93 ouvriers sont licenciés.
L’année connait des drames à Gorron : accident du travail à la carrière de pierre, un ouvrier reçoit le chargement entier d’un wagon sur lui ; une fillette est heurtée violemment par une automobile…
La duchesse d’Abrantès de Hercé est décédée à 86 ans. Un violent orage a provoqué des incendies, tué des animaux, déracinés des arbres. On a l’impression d’une série de catastrophes. Il y a des années comme cela.
Au niveau national, ce n’est guère mieux. Des manifestants d’extrême droite ont voulu s’attaquer à la chambre des députés. 19 morts et une inquiétude pour la Troisième République. Ajouté à cela une crise économique qui s’aggrave et s’étend.
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Le journal de Gabrielle Boullard (épouse Daniel)
1932
En décembre, l’usine Lefort et Rossignol frères a été détruite par un incendie. Deux cents familles vont être touchées par ce sinistre. La municipalité et certaines associations comme les Anciens Combattants ont essayé de venir en aide aux pauvres gens. Malheureusement cela leur sera difficile. Il faudrait que l’aide aux chômeurs ne dépende pas seulement du niveau local (caisse municipale, bureau de bienfaisance) mais que le département et l’Etat y participent.
On a enfin décidé de goudronner la rue du Bignon jusqu’à la mairie. Ce n’était pas du luxe. Dans les secteurs qui ne sont pas pavés, l’empierrage irrégulier n’est pas bon pour les différents véhicules mais aussi pour les piétons.
L’assassinat de notre Président de la République a ému beaucoup de Français. On nous présente son assassin, un Russe, comme un déséquilibré. Il sera pourtant condamné à mort. Il prétendait avoir commis son assassinat parce que la France n’avait pas lutté contre les Bolcheviks. La peine de mort m’a toujours dérangée. Mais beaucoup de mes compatriotes sont pour.
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Le journal de Gabrielle Boulard (épouse Daniel)
1931
Nous sommes allés, avec mon mari, voir l’exposition coloniale internationale de Vincennes. Nous aurions pu y rester des semaines tant il y avait de choses à voir. De nombreux pavillons illustraient les paysages et la vie des pays ayant fait partie de notre empire colonial. La reconstitution de villages avec un échantillon de la population indigène est particulièrement prisée. Les « sauvages » amusent ou font peur aux visiteurs.
On imagine des mœurs, des comportements bien différents et inférieurs aux nôtres. Pourtant il peut se passer des choses bien horribles aussi dans nos propres villages. A Gorron, la découverte d’un nouveau-né dans une fosse d’aisances a mis en cause la mère poursuivie pour infanticide. On la considéra comme folle et elle sera enfermée dans un asile.
Heureusement des moments plus agréables nous permettent d’oublier de telles horreurs. La Foire fleurie du 25 mars a été particulièrement fréquentée. Il a fallu augmenter les services du tramway pour amener la foule des localités voisines.
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Principalement axé sur l'histoire locale (ville de Gorron), ce blog permettra de suivre régulièrement l'avancée des travaux réalisés autour de ce thème.
Vous trouverez dans ce blog trois thèmes liés à l'histoire de la ville de Gorron. Les différents articles seront renouvelés régulièrement. Ceux qui auront été retirés sont disponibles par
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