
L’affaire Emma Tabur
Interrogatoire d’Armand Tréhet (fin)
« ─ Le médecin a quitté la malade à deux heures et demie. A ce moment l’état de votre cousine était des plus satisfaisant. Vous êtes resté seul avec elle !
─ C’est vrai. J’ai supplié les femmes qui se trouvaient là de nous laisser. J’avais besoin de causer avec Emma, de l’embrasser, de lui promettre qu’elle serait ma femme. Je lui ai pris la main en lui disant : « Ne te fais pas de chagrin, ma chérie, nous nous marierons, je te le jure ! » Pendant que lui parlais elle a été prise de vomissements violents. J’ai envoyé chercher aussitôt le docteur Bouessée qui n’a rien trouvé d’inquiétant et qui s’est retiré après avoir prescrit une petite potion. Emma était beaucoup plus calme. Je me suis assis à une petite table auprès de son lit et j’ai écrit une longue lettre à mon père. Puis, la voyant assoupie, je suis monté au grenier pour fumer une cigarette. Je ne pouvais pas fumer dans sa chambre !
─ Vous savez qu’on a trouvé sur les marches de l’escalier du grenier des traces de déjections. On a gratté ces traces et l’analyse chimique a révélé qu’elles renfermaient de l’arsenic. Or les cabinets de la maison sont en bas. Comment se fait-il que les marches du grenier aient été souillées ?
─ Je n’en sais rien. Ce n’est pas à moi de l’expliquer. On y aura sans doute posé des cuvettes. »
Illustration : le Dr Bouessée.