Henry Fougeray, François Legros, Martin Jouan, Pierre Pottier : boulangers ; Pierre Bouillon, Jacques Police, Julien Léon : charpentiers ; François Lalande : marchand de draps ; Victor Barré : teinturier ; Pierre Poirier : Palleronnier ; Pierre Lair : marchand de fil ; Etienne Ducoin : maçon ; René Buchard, Jean Ernault : bouchers ; Julien Brard : meunier ; Julien Béchet : sacriste ; Jacques Lambert : cloutier
« Mémoire paysanne du Maine – histoire d’une famille sarthoise 1451 – 1968 » (Pierre Yvard)
Le thème me convenait parfaitement. J’ai retrouvé dans cet ouvrage des métiers, des modes de vie, que je fréquente souvent sur mon blog. L’idée de suivre une famille sur plusieurs générations, famille, qui plus est, s’est maintenue dans le monde paysan, dans des lieux proches les uns des autres, était d’autant plus séduisante. L’auteur, de plus, inscrivait cette histoire familiale dans la grande Histoire.
Mais j’ai regretté les éléments généalogiques, souvent envahissants, qui n’apportaient pas grand-chose au récit. J’aurais préféré une analyse plus fouillée des évolutions de la vie quotidienne centrée sur la lignée qui menait jusqu’à l’auteur. Bonne lecture, cependant.
« Paris 1871. L’histoire en marche » (Joseph Ulla)
Vingt et un circuits pédestres sur les traces de la Commune. Un bel ouvrage illustré de photos d’époque et de dessins de Tardi. Outre les parcours qui permettent de se plonger dans les lieux, une rétrospective des événements nous permet de mieux connaître l’histoire de ces soixante-douze jours révolutionnaires. On côtoie des figures comme Louise Michel, Jules Vallès, Eugène Pottier, Jean-Baptiste Clément. D’autres qui le sont moins pour les non spécialistes mais qui le deviendront à la fin de la lecture. Et, enfin, tous ces anonymes, fusillés par milliers, enterrés n’importe comment dans des fosses communes. On comprend ce qui s’est passé là, les idées qui y étaient défendues, qui seront réalisées bien des années plus tard comme, par exemple, la séparation des Eglises et de l’Etat.
Après avoir beaucoup apprécié son ouvrage « Vivre avec nos morts », j’ai voulu approfondir la pensée de l’auteure. Mais « Comprendre le monde » est une petite conférence, un mince opuscule qui ne nous apprend rien de nouveau sur cette femme rabbin. Nous y retrouvons l’importance accordée aux récits (contes, fables, textes religieux…) qui font un lien entre passé, présent et avenir. L’auteure y voit une vérité universelle, à condition de distinguer cette vérité de la réalité. Cette distinction est particulièrement nécessaire dans les textes religieux. Ce qui n’est pas fait chez les radicaux qui prétendent appliquer à la lettre ces textes dans la réalité actuelle. C’est sans doute ce qu’il y a de plus fort chez cette femme rabbin qui est capable de questionner son propre discours religieux et la misogynie présente dans tous les monothéistes.
« Trois nuits dans la vie de Berthe Morisot » (Mika Biermann)
Je me suis intéressé pendant un temps à cette femme peintre impressionniste qui, parce que femme, a été souvent oubliée. A partir de sa biographie, son œuvre, je me suis construit une image qui n’a pas grand-chose à voir avec celle présentée dans ce court ouvrage. Des yeux vert Véronèse, de grande oreilles, ce qui m’avaient échappé.
Dans cette fiction, l’auteur nous parle de la vie intime, sexuelle de Berthe. Le milieu dans lequel elle évoluait était souvent confronté aux corps nus des femmes. Un peintre a même représenté un sexe féminin en gros plan. Un chapitre, dans le livre, est consacré au sexe de la femme. Et là, on voit la qualité d’écriture de l’auteur. Il écrit comme on peint. Le style est impressionnant.
Berthe Morisot n’a pas fait beaucoup de nus. Mais la jeune fille rousse allongée dans l’herbe, on la retrouve sous les traits de Nina, la jeune paysanne rousse, elle aussi dans le roman.
Premier roman pour un auteur de nouvelles primées. En début de lecture de ce roman policier, le style saturé de clichés, les dialogues un peu simplistes, m’ont plutôt déçu. De la même façon, le contexte historique qui m’attirait (fin du 19e siècle ; Lyon dans un quartier populaire), m’a paru escamoté. Le récit lui-même, très noir, croisant plusieurs personnages m’a semblé confus.
Et puis, je suis entré dans ce roman malgré toutes ces réserves. On voit alors tout le travail d’écriture. Peut-être même une recherche aux niveau des dialogues (moins simplistes) pour rendre la misère économique et sociale de la période. Une noirceur qui finit, malgré tout, par déranger.
Une collection originale. Un écrivain passe une nuit enfermé dans un musée. Des textes très divers, toujours intéressants. L’auteure, ici, est dans un musée de Venise : la pointe de la Douane. Elle en parle peu. L’art contemporain ne l’intéresse guère. Elle traite plutôt de son propre art : la littérature. « Ecrire a été pour moi une entreprise de réparation ». « Le passé quand on écrit n’est pas mort ».
Elle évoque alors l’injustice faite à son père accusé et enfermé à tort. Elle écrit sur le sort fait aux femmes en général, surtout celles qui sont entre deux cultures (en l’occurrence, ici, le Maroc et la France), sur la difficulté à trouver son propre lieu.
On comprend mieux après cette lecture, les ressorts de ses romans, notamment le « Jardin de l’Ogre » et « Chanson douce » dans lesquels elle fouille la complexité humaine.
« Histoire des femmes dans la Commune de Paris » (Gérald Dittmer)
Quand on parle de femme et de Commune, la figure de Louise Michel prend toute la lumière. J’avais, au hasard de mes lectures, croisé André Léo, journaliste, féministe, communarde. Mais je ne connaissais pas grand-chose sur ces milliers de femmes qui ont combattu lors de cet événement révolutionnaires. De nombreuses illustrations dans cet ouvrage donnent de la chair à cette étude historique. Cantinières, infirmières, combattantes, la plupart issues du petit peuple (ouvrières, couturières, cartonnières, cuisinières, chiffonnières…), elles s’engagent et participent au bouillonnement des idées, aux tensions parfois, au sein de la Commune. Et pourtant, comme d’habitude, jamais considérées comme égales aux hommes.
Avec un regard clinique sur l’héroïne névrosée hystérique. Une addiction au sexe sans véritable plaisir, l’incapacité à s’extraire de la tyrannie du corps. Un corps humilié, martyrisé. L’auteure analyse finement les mécanismes en jeu. Mécanismes qui dérangent, exaspèrent parfois car ils renvoient aux gouffres qui existent chez tout un chacun.
Mais aussi avec un regard de lecteur séduit par le talent de l’écrivaine qui, précisément, dépasse la seule approche clinique. La rechute de l’héroïne au moment de la disparition du père. Sa relation avec sa mère dont le propre fonctionnement peut expliquer les troubles de la fille…
Une femme rabin. Ce n’est pas banal. Une femme imam non plus. A noter que les femmes prêtres catholiques n’existent toujours pas. Je ne connais pas bien la religion juive. Mais je doute que l’ouverture, la tolérance, l’humour, la prise de distance avec la croyance dont l’auteure fait preuve y soient très fréquents. Delphine Horvilleur, en plus, écrit bien et simplement, ce qui ne gâte rien.
Un thème central : la mort, étroitement liée à la vie. De par son métier, la « rabine » est constamment confrontée à la mort puisqu’elle accompagne les défunts et leur famille lors des funérailles. Elle ne la banalise pas pour autant et ne minimise pas la frayeur qu’elle déclenche, ni la douleur chez les proches. Mais elle montre comment inscrire la vie dans une lignée, lui donner un sens par cette inscription et ainsi accepter moins difficilement la mort.
La religion est alors présentée comme permettant de raconter des histoires illustrant cette lignée. Et que la véracité de ces histoires est secondaire. C’est simple et beau.
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Principalement axé sur l'histoire locale (ville de Gorron), ce blog permettra de suivre régulièrement l'avancée des travaux réalisés autour de ce thème.
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