Du 21 mai au 28 mai 1871, les Communards sont écrasés par les soldats versaillais de Thiers. Les forces combattantes en présence sont disproportionnées à l’avantage des soldats. Les militaires, de plus, sont encadrés par des professionnels. En face d’eux, les Fédérés sont souvent désorganisés, peu disciplinés et moins coordonnés. De très nombreuses barricades sont érigées d’une manière anarchique. Et, malgré la résistance des Communards, elles sont systématiquement prises à revers et détruites.
Cet épisode correspond à une guerre civile, dans la ville, d’une violence extrême. La Commune a fait peur au pouvoir et à une grande partie du pays par la revendication d’une République sociale qui remettait en cause l’ordre établi et les hiérarchies sociales particulièrement inégalitaires. C’est sans doute cette peur qui a entraîné les massacres : hommes, femmes, vieillards, enfants, beaucoup ont été fusillés ou déportés, notamment en Nouvelle Calédonie.
Notre héroïne, Léodile, sera prise dans la tourmente et combattra sur une barricade défendue uniquement par des femmes.
Reçu à polytechnique mais devenu ouvrier typographe pour nourrir sa famille, Pierre Leroux sera éditeur, philosophe et homme politique français au 19e siècle. Ami de George Sand, son œuvre est considérable bien que plutôt oubliée. Inventeur du mot socialisme, sa pensée se caractérise par un équilibre entre l’égalité et la liberté. Sans oublier la fraternité. Il refuse les clivages radicaux et cherche toujours les aménagements entre des apparentes oppositions. Par exemple entre matérialisme et spiritualisme. Il est à l’origine de la création d’une encyclopédie nouvelle qui l’amène à toucher à de nombreux domaines de connaissances. Mais c’est aussi un pragmatique qui créé une imprimerie et autour de laquelle se construira une communauté de vie. Il participera à la vie politique en se présentant aux élections. Il sera élu député. Bien que refusant la violence comme moteur du changement social, il soutiendra les insurgés de 1848 et s’opposera à Napoléon III.
Notre héroïne, Léodile, découvrira Pierre Leroux grâce aux écrits de George Sand. Elle adhèrera aux thèses de cet homme en matière politique et sociale.
C’est au 16e siècle qu’on commence la construction d’un Palais de style Renaissance, qui sera remanié, enrichi au fil des siècles. C’est dans ce bâtiment imposant, incendié le 24 mai 1871 et reconstruit en 1882, qu’est proclamée, le 4 septembre 1870, la IIIe république. Il deviendra le siège de la Commune de Paris. Dès le 18 mars 1871, le comité central de la Garde nationale en prend possession et y dresse le drapeau rouge. La couleur rouge, emblème de la Commune, en ornera la façade jusqu’à a fin de la Semaine sanglante correspondant à l’écrasement des Communards.
On retrouvera souvent Léodile, le personnage central du roman, sur l’esplanade où de fréquents regroupements ont lieu tout au long de la révolte parisienne. Des séances quotidiennes du Conseil de la Commune, réunissant les élus de Paris, décident des grandes orientation politiques dans ce bâtiment.
Il arrive dans certains ouvrages qu’on parle de cette rue par laquelle seraient montés les soldats Versaillais vers Montmartre pour récupérer les canons entreposés dans l’arrondissement. C’est ce 18 mars 1871 que commença la Commune, en réaction à cette récupération considérée comme un vol par les Parisiens.
Il se trouve que cette rue n’existait pas sous cette dénomination à cette date. Elle a été formée plus tard par les réunion de deux voies : la rue de la Fontenelle (où, dans le roman, se situe l’hôtel particulier des Bougrain) et de la rue des Rosiers où se passa plusieurs épisodes de la Commune (exécution des généraux Lecomte et Thomas et exécution du communard Eugène Varlin).
Le Chevalier de la Barre est un jeune homme condamné à la torture et la décapitation parce qu’il avait blasphémé. Ce sont les anticléricaux de la Troisième République qui font le choix de ce nom de rue. Un symbole.
Léodile, l’héroïne du roman, arrive comme gouvernante dans une maison bourgeoise au pied de la Butte Montmartre.
Un hôtel particulier, à Versailles, appartenant à un entrepreneur des bâtiments de Louis XV, a été transformé en musée. J’ai eu le plaisir de visiter ce lieu, qui, évidemment n’a rien à voir avec le château mais qui montre l’intérieur assez remarquable d’un domicile bourgeois pouvant exister au 19e siècle.
Outre les grandes pièces traditionnelles aux meubles cossus, au grands miroirs avec des dorures parfois un peu lourdes, j’avais été surpris par une petite pièce plus modeste. Elle était occupée par une bibliothèque de bois, très simple. Un lit une place contre un des murs. Un fauteuil à la tapisserie identique à celle du lit. Une petite table correspondant à un billard miniature… J’imaginais, à l’époque, un des membres de la famille, venant se réfugier dans cette petite pièce à la recherche d’un peu d’intimité accompagnée d’un livre.
Léodile, dans le roman, logera dans une pièce identique
L’héroïne du roman doit se rendre à Paris. A l’époque, une ligne de chemin de fer Paris/Brest passe et s’arrête à Laval depuis 1855. Le viaduc est déjà construit. La gare sera inaugurée en grande pompe. Mairie illuminée, fête nautique, feux d’artifices… L’événement est considérable. Au-delà de l’innovation technique, sur le plan économique, ce nouveau moyen de transport permit le développement de la ville. Même s’il fallait huit heures pour faire le trajet Paris laval, l’amélioration est considérable.
En diligence il fallait plutôt compter vingt-quatre heures. Même si, au départ, comme souvent devant des innovations spectaculaires, certains pouvaient être inquiets, voire effrayés, le chemin de fer se développa à la satisfaction de tous. L’Empereur Napoléon III s’arrêta à la gare de Laval. Ce qui constituait toujours un événement.
La législation matrimoniale fut profondément refondée lors de la Révolution. C’est en septembre 1792 que le mariage devint un acte civil. Un contrat civil passé devant un officier d’état civil à la mairie.
Le mariage religieux est conservé mais il se passe après le mariage civil et n’a pas de valeur officielle, excepté au sein de l’Eglise. Contrairement à beaucoup de transformations sur lesquelles sont revenus les régimes succédant à la Révolution (comme celle concernant le divorce), la prééminence de la mairie sera maintenue, même après l’Empire et la Restauration.
Les bans doivent être affichés avant la cérémonie à la porte de la mairie. Quatre témoins doivent être présents au moment de l’échange des consentements devant l’officier d’état civil. Ce rituel s’est d’autant plus consolidé que la mariage était aussi un acte officiel entre les deux familles des mariés. Dans la classe bourgeoise, il s’apparentait à un contrat financier. Et sa solidité constituait le socle d’un système social solide et stable.
Au-delà de cet aspect social, la cérémonie elle-même, par le nombre des invités, l’importance des agapes, permettaient aussi de se situer dans l’échelle sociale. C’est sans doute pourquoi cette institution a perduré. Très tôt, la photo de mariage prit une place importante dans toutes les familles.
Dans le roman, la famille Rondeau s’est spécialisée dans les fils de chanvre. Elle vend ces fils principalement à l’entreprise Bougrain.
Alors que le lin et le chanvre sont très présents dans les activités textiles jusqu’au milieu du 19e siècle dans le Maine, on constate un déclin assez rapide au cours de la seconde moitié du siècle. Ces fibres sont concurrencées par l’arrivée du coton, plus facile à travailler et permettant couleurs et motifs.
Le chanvre a été le plus vite touché par cette concurrence. Déjà, la préparation des fils demandait un travail diversifié et important. La phase de rouissage, par exemple, entraînait des nuisances pour l’environnement. Mais le problème était surtout la mécanisation qui rencontrait des difficultés dans le tissage des fils de chanvre. Le coût des toiles devenait trop élevé par rapport, notamment, à celles de coton.
Dans le roman, l’entreprise Bougrain se mécanise. Et malgré les autres débouchés (cordes, huile), les Rondeau voient une baisse sensible de leurs ventes…
Dans le roman, la famille de Léodile, habite dans une demeure située près de la Renardière, le domaine sur lequel se trouvent l’hospice et l’école primaire des filles. Un document de septembre 1715 décrit la maison : une maison manable composée d’une salle son grenier dessus, une chambre à côté (…) au bout, un grenier dessus, et une cave dessous (…) la cour (…) le jardin avec un pavillon…
Cette maison appartient à Catherine Barin de la Galissonnière, épouse de Pierre IV du Bailleul, baron de Gorron. Elle va être occupée par Pierre Lhuissier. Elle est située rue Dorrée et côtoie la rivière la Colmont avec un canal à poissons au bout de la maison.
La rue Dorrée correspondait vraisemblablement à la rue de l’abreuvoir (rue de l’hospice actuelle). Le Ponceau (Le Pont sur l’eau) est le quartier situé au niveau du deuxième pont actuel de la rue Jean-Jacques Garnier.
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