Victor connut une jeunesse heureuse. Il fit le choix du métier d’instituteur. Après des études à l’école primaire supérieure d’Ernée, il entra à l’école normale des instituteurs de Laval. Il fut ensuite nommé comme sous maître à l’école communale de garçons de Gorron, là où il avait lui-même été élève. Il était passionné par les méthodes nouvelles qui amenaient les élèves à construire eux-mêmes leurs connaissances. Il fréquentait les milieux progressistes et militait pour la mise en place d’une amicale des instituteurs. Garçon dynamique, équilibré, il cachait pourtant une sexualité difficile à assumer à l’époque.
Tout en restant très discret, Marcel reprit son métier de médecin, cette fois dans la campagne gorronnaise. Isidore remettait en ordre des pièces de la Thiercelinais et ils vécurent quelques temps sans problème dans le Bas-Maine.
Le médecin espérait la venue de Marie-Henriette et de sa fille. Mais les liens se relâchèrent et, progressivement, Marcel comprit que la jeune femme avait rencontré un autre homme. Il mit du temps à accepter de ne jamais revoir sa fille et se résignait à finir sa vie en célibataire quand il sauva une jeune fille des griffes de son père incestueux. Malgré la différence d’âge, Marie-Louise et Marcel s’épousèrent. Ils eurent un fils : Victor.
A son retour à Paris, Marcel apprit que Marie-Henriette, sa compagne, était enceinte. Son bonheur fut de courte durée car la défaite de la France face à la Prusse avait plongé la capitale dans un siège épouvantable débouchant sur la révolte de la Commune.
Marcel soignait les blessés tout en participant à l’organisation de la résistance aux troupes versaillaises. Il faillit être arrêté et, dans la foulée, fusillé. Il lui fallait quitter Paris et se cacher de la police par laquelle il était recherché. Il revint vers la Thiercelinais, emmenant avec lui, un communard blessé, Isidore.
De retour à Gorron pour l’enterrement du vieux prêtre, Marcel fut surpris de voir la peine de son père. Il savait qu’il appréciait Exupère mais ne pensait pas qu’il serait bouleversé à ce point. Auguste annonça à son fils et à Clémence que la famille Ditgilard (il y incluait le précepteur et la nourrice) aurait le plus beau monument du cimetière. Et il montra le dessin de la chapelle de pierre qu’il comptait ériger, face aux tombes de la famille Gilard.
Alors que Marcel s’orientait vers une nouvelle vie, reprenant l’exercice de la médecine à l’hôpital et nouant une relation amoureuse avec la fille de son directeur de recherche, les affaires d’Auguste s’effondrent. Le décès de Clémence, ajouté à la faillite, lui fait commettre l’irréparable. Après avoir abattu ses chiens, il alla se pendre dans la tourelle, à la poutre même choisie par Zénaïde.
Quand Marcel quitta la Thiercelinais, tout était vide et triste. Il ne pensait pas revoir de sitôt le domaine.
Marcel montra des dispositions particulières pour les études, notamment dans le domaine scientifique. Dispositions qu’Exupère s’employa à développer. Ses études secondaires au lycée de Laval terminées, il fit le choix de devenir médecin.
Rien n’était trop beau pour ce fils si brillant. Auguste l’installa à Paris dans un petit appartement rue des Saints-Pères. Après avoir obtenu ses diplômes de médecin, Marcel exerça à l’Hôtel-Dieu. Mais, très vite, il prit conscience des limites de la médecine traditionnelle et s’orienta vers la recherche dans le domaine de la médecine expérimentale.
Il fut vite repéré par ses pairs et s’intégra à une équipe de chercheurs dirigée par Arsène, un savant discret et exigeant.
Auguste se montra très efficace pour développer la petite calicoterie. Il fit venir des métiers à tisser de plus en plus perfectionnés, constitua un réseau de tisserands et de fileuses dans les environs de Gorron dont il achetait la production.
En dehors de la fabrique, dont il va hériter à la mort de M. Dutourg, Auguste était passionné par ses chiens. Une véritable meute qu’il sortait dans le taillis près de l’étang. Il ne fréquentait personne en dehors de son travail. Et surtout pas les femmes.
Auguste songeait cependant à sa descendance. Il avait promis à son bienfaiteur de poursuivre son œuvre. C’est pourquoi il adopta un bébé qu’il confia à une nourrice d’accord pour venir habiter à la Thiercelinais. La présence de ce bébé changea sa vie.
Auguste avait quitté l’école. Il s’occupait surtout de son louveteau, fuyant la Thiercelinais où sa mère recevait trop d’hommes à son goût. Jusqu’au jour où monsieur Dutourg lui proposa de venir en apprentissage chez lui.
La calicoterie se trouvait rue Magenta, près du champ de foire. Auguste s’intéressa très vite aux métiers à tisser et apprit facilement leur fonctionnement. Le calicotier s’attacha à ce garçon un peu sauvage mais très consciencieux et efficace.
Il lui offrit une chienne qui, avec le louveteau, devinrent les piliers de la vie affective d’Auguste. La rupture avec sa mère fut brutale et le jeune homme se retrouva seul et heureux à la Thiercelinais tout en prenant de plus en plus de place dans la calicoterie.
Auguste, le fils non reconnu d’Antoine, habitait la Thiercelinais avec sa mère, Jeanne. Peu intéressé par les études, il aimait courir les bois. Il connaissait la tanière des louves qui, de génération en génération, venaient mettre bas dans le taillis près du domaine.
Il rêvait de pouvoir attraper un louveteau et de l’élever. La chose était possible, il en avait déjà entendu parler. On disait même que certains loups se retrouvaient, domestiqués, dans les meutes de chiens qui poursuivaient leurs congénères. Mais cette pratique était rigoureusement interdite.
Auguste avait un fort caractère. S’il n’aimait pas les études, il faisait preuve de volonté et d’intelligence pratique. Il brava l’interdit et attrapa le louveteau qu’il éleva en cachette de sa mère. La bête fut ensuite intégrée dans un groupe de chiens achetés par Auguste.
Quand Adèle et Françoise virent leur première exécution publique, la première se cacha pour vomir. La seconde, intriguée, cherchait sur le visage des deux femmes suppliciées leurs réactions ultimes. Et dès ce moment, l’interrogation lancinante ne cessa de la tourmenter.
Elle n’aspirait pas au martyr. Mais, en même temps, elle ne fuyait pas ses responsabilités. Toujours plutôt proche d’Olympe, elle épousa la plupart de ses revendications. Notamment celles à caractère féministe.
C’est sans doute ce qui la perdit quand elle affronta directement l’accusateur public. Au début, ce fut presqu’un jeu. Puis les deux s’enfermèrent dans leur joute. Mettre la femme à égalité avec l’homme, c’était aussi pouvoir la mener à l’échafaud.
Jusqu’à la dernière minute, Françoise se demanda comment elle se comporterait quand le couperet tomberait. Seule Adèle, bouleversée, sut ce que son amie avait bien pu ressentir.
Laurent refusa de prêter serment et entra en clandestinité notamment quand le pape condamna la Constitution civile du clergé. Il se cacha à la Thiercelinais puis dans les fermes et les maisons qui, tour à tour, l’hébergeaient. Il donnait alors des messes clandestines qui attiraient de plus en plus de fidèles.
Sa première arrestation le mena à la prison de Rambouillet après être passé par Laval. Sa détention fut très difficile et quand il rentra à Gorron, après deux années d’emprisonnement, on ne le reconnut pas tant il avait maigri.
Alors que tout le monde lui recommandait la prudence, le climat révolutionnaire s’étant un peu apaisé, il continua à provoquer les autorités. Il fut de nouveau arrêté et transféré à la prison d’Evron. La détention y était beaucoup plus douce qu’à Rambouillet mais sa santé précaire fit qu’il s’y éteint, épuisé.
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Principalement axé sur l'histoire locale (ville de Gorron), ce blog permettra de suivre régulièrement l'avancée des travaux réalisés autour de ce thème.
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