Un visiteur du blog nous a contacté. Sa famille a connu l’exode en 1940. Nous reviendrons sur l’histoire de cette famille. Il écrit notamment :
« Je n'imagine pas la terreur qui les a envahi en 1940 lors du retour des Allemands. Comme tous les gens du secteur, ils ont échoué en Mayenne, et pour notre famille dans le canton de GORRON. Une fois la capitulation de la France en Juin 40, ils sont rentrés chez eux à Le Quesnoy dans le Nord. Mon père m'a toujours dit que le champ face à la ferme était jonché de casques français que les soldats prisonniers avaient abandonnés.»
« Je ne suis pas sûr que ce soit sur la commune de GORRON mais plus certainement dans le canton de GORRON. Mon père évoquait une ferme ce qui était commun à cette époque avec plusieurs dizaines de fermes par village. Cependant le nom TOUCHEFEU n'est pas très courant (du moins pour moi), il y a certainement possibilité de circonscrire la recherche sans trop de difficultés. »
Au message était jointes deux photos sur lesquelles nous reviendrons. Le nom de Touchefeu est évoqué. A partir de ces éléments, nous essaierons de retrouver le lieu où cette famille a été hébergée.
Une chose est sûr c’est que de nombreux réfugiés sont arrivés sur la commune de Gorron. On retrouve sur le blog : En fin de mai 1940, un afflux incalculable de réfugiés envahit la Mayenne. (…) le 29 mai, ils occupèrent la salle Ste Elisabeth puis l’asile du Sacré Cœur (école maternelle privée).
Sur la carte postale ci-dessus, l’homme à moustaches tient un journal dans ses mains. Il s’agit du journal Le Matin. Ce journal a été lancé le 1er le 26 février 1884 et s’est arrêté le 17 août 1944. Journal collaborationniste pendant la Seconde Guerre mondiale, il est interdit à la Libération.
La photo a été prise par Chantepie relieur-éditeur à Gorron. Il s’agit de Victor Chantepie, recensé aussi comme marchand de journaux et photographe. En 1936, il est domicilié rue du Pré.
Les listes de recensement de 1911 nous indiquent que trois famille habitaient à la Petite Mennerie : Adèle Pouchard ; Eugène Barré, fermier ; Arsène Brault, propriétaire cultivateur.
Malheureusement, nous n’avons pu trouver d’autres informations sur la vie de cette jeune fille, pupille de l’assistance publique qui se suicide à l’âge de 18 ans.
Les causes les plus habituelles de placement à l’assistance publique concernent la famille : abandon par des parents qui ne peuvent ou ne veulent pas prendre soins de l’enfant, avec, parfois maltraitance, négligence mais aussi décès…
Quant aux causes amenant une jeune fille de 18 ans, domestique, jusqu’au suicide, elles peuvent être très variées mais la dimension exploitation et abus, violences sexuelles, sans oublier des problèmes plus personnels comme déception amoureuse ou grossesse non désirée sont souvent présentes.
Ces hypothèses n’ont peut-être aucun rapport avec l’affaire évoquée mais il est fort possible que cette pauvre jeune fille n’ait pas eu une vie facile.
Nous avons évoqué de nombreuses fois le tramway qui, jusqu’au 31 août 1947, a transporté de nombreux voyageurs et des tonnes de marchandises pendant un demi-siècle entre Mayenne et Landivy.
Dans l’article, on évoque la dépose des rails en les « dégageant de l’envahissement de la végétation » et leur transport sur « un chariot roulant sur la voie et tiré par un cheval ».
A Gorron, on a pu voir pendant longtemps les vestiges de ces rails qui traversaient la route entre Gorron et Brecé et sur les lieux de l’ancienne gare près du complexe sportif « Lucien Dollé ».
Elle était employée chez Mme et M. Derenne, boulangers, rue du Maine à Gorron (voir la boulangerie sur la carte postale ci-contre). La rivière, la Colmont, coule derrière la rue du Maine.
Le drame relaté par la presse : « Sans qu’elle ait dit un mot à son entourage, ils l’avaient surprise en pleurs. Sans rien dire de son chagrin qui devait être le motif de son funeste projet, la jeune domestique, le soir venu vers 22 heures, avait trouvé un prétexte pour sortir au jardin. Quelques 20 minutes plus tard, ses employeurs trouvant étrange une aussi longue absence, s’étaient inquiétés. Leurs appels devaient rester sans réponse et il fallut bientôt se rendre à l’évidence : la jeune domestique avait pris la fuite. »
Le cadavre est retrouvé à Brecé, près de la ferme de la Cocherie. Ci-dessous, son parcours dans la Colmont (entre les deux points rouges).
Une illustration de Ouest-France intitulée : les serveurs et serveuses de l’ALG.
Il s’agit vraisemblablement d’un des premiers repas organisés par l’Amicale Laïque Gorronnaise (fondée en 1946) qui se déroulaient alors dans une des classes de l’école maternelle, Butte Saint-Laurent.
Dans le livret Amicale Laïque Gorronnaise – soixante ans d’histoire (1916/2006), on trouve un récapitulatif de cette activité qui perdurera jusqu’en 1987. Des moments forts de l’association.
Quelques personnalités :
1ère rangée en bas : M. Lallart, directeur de l’école de garçons ; M. Badier.
2ème rangée en haut : Mme Lallart, institutrice ; Mme Badier ; M. Launay, président de l’Amicale ; Mme Betton directrice de l’école maternelle ; Mme Launay.
Dans les tables de succession et absences, nous retrouvons sa trace. Léone est née à Gorron vers 1936 et meurt le 1er janvier 1954 à Brecé. Elle est alors pupille de l’Assistance Publique de la Mayenne.
On a en effet retrouvé son corps à Brecé. On peut lire dans l’article : Un journalier agricole, Yves Carré, 35 ans, demeurant à Brécé et occupé à rentrer des fagots dans un champ bordant la rivière dont il côtoyait la rive gauche dans le voisinage de la ferme de la Cocherie eut son attention attirée par une masse informe flottant sur l’eau (…) On eut quelques difficultés à hisser le corps sur la berge. Il n’était plus possible de douter de l’identité de la noyée. Il s’agissait bien de la jeune disparue. Un long séjour dans l’eau l’avait toutefois rendue méconnaissable. Plus de cheveux, le front tuméfié par le roulis de la dérive. Mais elle portait les vêtements qui l’habillaient au soir de la disparition.
On ne retrouve pas de Guyard à Gorron dans la liste de recensement de 1936. L’information : « naissance à Gorron vers 1936 » est-elle erronée ou Léone est-elle née après 1936 ?
Dans un nouvel article de Ouest-France de 1954 (transmis par Claude), il était question des conscrits de 1944 (nés en 1924) qui ont fêté leurs trente ans. Dépôt de gerbe aux monuments aux morts, visite au cimetière sur la tombe de leur conscrit Maurice Bouillon*, vin d’honneur et banquet, le soir à l’hôtel du Pigeon Blanc.
Nous avons retrouvé la photo originale avec les noms des présents :
De gauche à droite, Rémi Romagné, René Morin ; Yves Bodin, Michel Béchet, Cyrille Brière, Pierre Monnier, Maurice Dufour, Maurice Charlot, Michel Boulay, Raymond Drolon, Rémi Betton, Maurice (?) Bahier.
Maurice Bouillon, cultivateur, est mort à 22 ans en 1946 à Mayenne.
Dans le livre de Gisèle Lemercier « Chroniques du canton de Gorron et de la région mayennaise…), on apprend qu’en 1954 une jeune bonne de Gorron a disparu puis a été retrouvée noyée six semaines plus tard dans la Colmont. Claude Guihéry a retrouvé l’article de Ouest-France relatant cette affaire.
Si je n’avais moi-même déjà écrit un roman (Rosalie, trente ans domestique à Gorron) qui paraîtra dans deux ans, cette information aurait servi de départ à ce livre. Au-delà de l’objectif de mon blog de connaître l’histoire de Gorron et de sa population, j’aime faire revivre des personnages humbles et totalement oubliés. Par exemple cette jeune fille.
Elle s’appelait Léone Guyard et était employée chez Derenne, boulanger. A partir de cette seule information, je vais essayer d’en savoir plus sur cette pauvre noyée. Donc Je fais appel aux visiteurs du blog qui pourraient avoir des informations sur cette affaire.
Les articles de Ouest-France qui nourrissent ces échanges nous apprennent pas mal de choses intéressantes. Malheureusement, souvent, les illustrations ne sont pas de bonne qualité. Sur les deux photos ci-dessus et ci-dessous, j’ai reconnu mon frère aîné et j’ai cru reconnaître d’autres personnes. Si vous en connaissez d’autres, je suis preneur.
La première correspond à l’équipe de football de Gorron en 1953 (saison exceptionnelle au cours de laquelle le FCG monta en division régionale d’honneur). La seconde, le conseil de révision de la classe 1956 (jeunes gens nés en 1936 autour du Maire Maurice Dufour).
Georges Jouvin ; Gaston Blot ; Marolleau ; Me Garnier (Président).
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Principalement axé sur l'histoire locale (ville de Gorron), ce blog permettra de suivre régulièrement l'avancée des travaux réalisés autour de ce thème.
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