L’affaire Emma Tabur
Interrogatoire d’Armand Tréhet (suite)
Le jour de l’accouchement
─ Dans la matinée, votre cousine a déjeuné d’assez bon appétit, mais vers midi elle fut prise des premières douleurs et monta dans sa chambre, où elle se coucha. Vers une heure, son père, l’ayant entendue gémir, monta dans son appartement et la vit tenant un enfant dans ses bras.
« Papa ! lui dit-elle, me pardonnes-tu ? » Elle lui tendit le nouveau-né.
« Oui, ma fille, s’écria Mr Tabur ; oui, je te pardonne mais pourquoi nous avoir tout caché ? »
Et savez-vous ce que répondit la pauvre fille ? « Je ne vous ai rien dit parce que mon cousin me l’avait défendu.
─ C’est faux ! Je n’avais rien à lui défendre car je ne croyais pas à sa grossesse.
─ Mr Tabur père s’est mis à votre recherche, il vous a trouvé prenant votre café au restaurant ; pourquoi l’avez-vous entraîné au second étage de votre maison ?
─ Mon oncle criait très haut et ameutait tout le monde ! Je voulais bien une explication, mais je ne voulais pas de scandale !
─ Que s’est-il passé entre vous ?
─ Mon oncle me reprocha amèrement d’avoir séduit sa fille ; je lui répondis que si Emma était enceinte ; je lui répondis que si Emma était enceinte, je l’épouserais.
─ Et votre oncle a voulu vous emmener tout de suite auprès de sa fille pour la rassurer et la consoler par votre présence. Pourquoi ne l’avez-vous pas suivi immédiatement ? L’accusation soutiendra que vous êtes allé prendre quelque chose dans votre pharmacie.
─ je ne suis pas entré dans ma pharmacie, je le jure (…) Quand je suis arrivé dans la chambre, ma cousine avait la tête rejetée en arrière, les yeux clos. Le docteur Daniel lui donnait des soins, entouré de trois ou quatre voisins.
Illustration Dr Daniel