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26 août 2013 1 26 /08 /août /2013 09:25

Saga Gorronnaise…

 

Prisonnier…

 

Tout se passa très vite. Les Allemands avaient rudement bombardé pendant deux jours. Au petit matin le silence se fit. Chacun était tendu, attentif, espérant l’attaque inévitable. Mais personne, sans doute n’imaginait la violence, la multitude qui s’abattirent sur nous. Je sentis une forte douleur au thorax puis perdis connaissance. Et je me réveillai dans une casemate en tout point semblable aux nôtres, allongé sur un brancard poisseux sur lequel le sang allemand avait longuement coulé. Un médecin, jeune, souriant, donnait des soins à des soldats aux uniformes disparates. J’étais donc prisonnier. Beaucoup parlaient de cette éventualité dans les tranchées. Certains l’espéraient secrètement. Tout plutôt que continuer la boucherie. D’autres étaient terrorisés par l’éventualité. On racontait des horreurs sur les médecins allemands qui torturaient les blessés avant de les achever. Moi, à cette époque-là, je n’avais plus d’avis. Je me laissais donc soigner sans appréhension, sans grand espoir non plus. J’eus droit à des infirmiers attentifs, à d’autres beaucoup moins. Mais l’insensibilité, voire la perversité de certains soignants étaient aussi bien partagées entre les deux camps.

            Quand on nous emmena dans le camp de prisonniers où je me trouve actuellement, je n’avais pratiquement plus de séquelles. La compétence en matière médicale pouvait être, elle aussi, bien partagée. Par contre, il semble bien que les baraquements dans lesquels on nous hébergeait étaient mieux entretenus, plus rationnels, que dans nos propres camp. Je passai de nombreux jours sans rien faire, allongé sur ma paillasse le plus clair de mon temps. Et puis, un jour, je m’installai à la petite table qui côtoyait un poêle souvent éteint. J’ai ouvert le carnet de moleskine en me demandant comment il avait pu me suivre. Et je me suis remis à écrire. Les pages sur lesquelles je peinais à décrire l’exécution des deux fuyards furent nombreuses et toutes déchirées. Et aujourd’hui, enfin, je suis allé jusqu’au bout et m’empresse de fermer le carnet de peur d’arracher une nouvelle fois le support de ces mots si durs à prononcer.

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