Le journal de Renée Boullard

Samedi 17 décembre 1746
Gaspard fait feu de tout bois. Après la faïence, pour laquelle il a fait un séjour à Paris, on lui a présenté des indiennes. Une toile de coton peinte ou imprimée aux couleurs vives dans lesquelles domine le rouge de la garance. Après avoir été interdites à l’importation, elles commencent à être fabriquées en France.
Pour moi-même, je ne me vois pas me vêtir de ce genre de couleurs trop vives. On est plutôt habitué, à Gorron, à de longues jupes sombres et les corsages les plus clairs sont bien souvent blancs. Cela ne m’empêche pas d’admirer les dessins très fins ornant ces toiles. Gaspard a ramené un foulard qui me sert, pour l’instant, de napperon.
Il m’arrive parfois, dans la solitude de ma chambre, de me détacher les cheveux et de les coiffer de ce foulard sulfureux. Je marche en me déhanchant dans l’attente qu’un amant vienne respirer, longtemps, le visage plongé dans leur odeur, ce qu’ils contiennent de rêves aventureux.