Note de lecture…
Deux commentaires (Emilie et Jean-Claude) sur : DANS LA FORÊT – JEAN HEGLAND(GALLMEISTER)
Emilie
Nell et Eva sont deux sœurs. Quand on les découvre, elles vivent seules dans une maison isolée dans la forêt. On comprend assez vite qu’une catastrophe a eu lieu sans doute écologique. Elles sont totalement coupées du monde, sans électricité, sans essence pour se déplacer. Leurs parents sont morts, leur mère d’une grave maladie avant la catastrophe, et leur père d’un coup de tronçonneuse quand il débitait du bois après la catastrophe. Eva passe ses journées à danser dans son studio aménagé dans la maison. Nell lit l’encyclopédie et écrit dans un cahier pour garder une trace de ce qui se passe. Elles attendent le retour à la normale, le jour où la vie reprendra son cours et où Eva pourra rejoindre un corps de ballet et Nell entrer à Harvard. Mais le temps passe et la situation reste figée. Les réserves de nourriture diminuent et les deux sœurs vont devoir sortir de leur léthargie et de leur attente pour survivre. Elles vont changer leur vie et admettre que rien ne sera plus jamais comme avant. C’est quand elles réussissent à faire le deuil de leur vie passée, qu’elles peuvent enfin se mettre à avancer. C’est un récit à la fois très angoissant car peut-être pas si éloigné que ça de ce qui pourrait nous arriver (une catastrophe écologique d’envergure qui bouleverserait tout) et en même temps optimiste malgré tout car les deux sœurs vont faire preuve d’une réelle capacité d’adaptation face à l’adversité. Elles vont apprendre notamment à tirer partie des richesses de la forêt qui les entoure. Elles vont revenir à l’origine des choses et se mettre à vivre comme le faisaient nos ancêtres avant qu’on bascule dans notre société moderne d’hyper consommation. Un seul bémol : une certaine lenteur dans le récit, volontaire car elle est à l’image de ce que vivent les deux sœurs (une situation figée dans l’attente), qui peut parfois légèrement engourdir le lecteur. Mais il s’agit sans conteste d’un très beau livre qui fait beaucoup réfléchir.
Jean-Claude
Il est rare que la lecture d’un roman corresponde tout à fait à ce qu’on espérait. Ce décalage peut faire partie du plaisir de lire. Mais la satisfaction complète de l’attente est source de joie. Au-delà de cette satisfaction personnelle, la qualité du roman m’a paru très élevée. Tout y est. Une histoire qui tient le lecteur en haleine jusqu’au bout. Un niveau d’écriture incontestable. Une analyse psychologique des deux héroïnes remarquable. Une sensualité bouleversante…
Deux sœurs se retrouvent seules, après la mort de leurs parents dans la maison familiale, en pleine forêt. Autour d’elles, la société s’effondre. On les voit alors survivre, retrouver les gestes essentiels : nourriture, chaleur, protection… Tout au long du journal tenu par une de sœurs, on suit la lente mise à distance d’un monde qui disparaît jusqu’au moment où elles s’enfoncent au plus profond de la forêt et recréent le leur. On sort alors du réalisme pour entrer dans un imaginaire somptueux.
