Mercredi 3 octobre 1703
Je suis à nouveau enceinte. Décidément, la grande famille voulue par mon mari se précise. J’espère ne pas connaître un accouchement aussi délicat et douloureux que celui vécu pour l’arrivée de François. Mais une autre inquiétude me torture. Trois ans de mariage, trois naissances. Et quand je regarde mon corps, je me désole.
Je n’ai jamais été coquette, respectant les codes imposés par l’église. Mes cheveux sont le plus souvent bien rangés sous ma coiffe. Mon corselet est toujours fermé jusqu’au cou quand je quitte ma maison. Mes vêtements, en général, sont suffisamment amples pour que mes formes restent discrètes.
Pourtant, ces formes me plaisent. Il m’arrive de me déshabiller entièrement, et pas toujours pour me laver. Avant mon mariage, ma peau était lisse, tendue. Mes seins, plutôt abondants, se tenaient fièrement sans soutien. Et surtout, mon ventre était particulièrement plat.
Tout cela a bien changé. Ce n’est pas l’effondrement mais le relâchement s’accentue. Et quand il m’arrive parfois de caresser ce corps, demandant pardon à Dieu, les plis sous ma main se multiplient. Et c’est avec nostalgie que je pense à l’ancien poli du cuivre ravagé désormais par de vilaines vergetures.