Le journal de Renée
Mercredi 27 juin 1700 (3)
Nous avions cinq ans de différence d’âge. Je fus pour elle à la fois une mère de substitution et une grande sœur. Quand mon père lui a annoncé qu’elle serait dorénavant à mon service elle en pleura d’émotion. Elle ne comprit pas ma gêne quand je lui montrai la chambre qu’elle occuperait au-dessus de l’écurie. Je la trouve bien modeste mais Jeanne, tout à son bonheur d’avoir une vraie pièce à elle, ne cesse de m’en remercier. Je sais qu’elle m’aidera dans l’entretien de ma maison. Elle sait tout faire et tout paraît facile pour elle. Même les travaux les plus fatigants.
Il y aura, en plus, le père Renard. Un jardinier expérimenté qui viendra entretenir les deux parcelles du jardin. Là encore, avec lui, je n’ai rien à craindre. Il saura me laisser m’occuper de quelques planches de fleurs et de légumes tout en s’assurant que le reste ne soit pas envahi par les mauvaises herbes.
Finalement, ma future vie me paraît plutôt enviable. Même si je ne peux m’empêcher de repenser à cette fameuse première nuit, à ses surprises désagréables et à ce qu’elle inaugure de désagréments dans ma vie conjugale.