« L’âge blessé » (Nina Bouraoui)
Du pur Nina Bouraoui. Il s’agit, cette fois, d’enfance, de mémoire, avec des petits bijoux comme : « ma mémoire (…) lente comme les loups qui s’accouplent dans le silences des aubes. » Une enfance sauvage en difficulté dans la relation à l’Autre. Une sortie de l’enfance avec les transformations du corps si présentes dans les écrits de Nina Bouraoui. Le sexe, le sang, le désir, le dégoût, tout se mélange dans cette litanie de métaphores plus ou moins obscures. Pour avoir une idée de cette écriture qui irrite et envoûte, un extrait, au hasard des pages : « Je suis à genoux, mes seins cognent l’un contre l’autre, débridés, libres des gangues qui retiennent et compressent l’air, ils sont en fibres larges et défaites, des sangles lissent, battent mon ventre, une bête à charrier, rachitique, inféconde, échappée du troupeau, perdue. » Et sur la quatrième de couverture : « Je cherche des yeux mon père qui fume. Un os de seiche flotte entre mes cuisses. Je suis virile. Je suis une grossièreté animale, à quatre pattes, indomptable. » En relisant ces phrases, je constate que ce qui est intitulé roman devait être relu come une succession de poèmes.