Article XX

Illustration : Coche en osier devant Paris (gravure du XVIIe siècle)
Fleury, abbé de province, ne connaît pas Paris, et il est, on le comprend, désorienté à son arrivée. Apostrophant son lecteur (ce qui peut nous inviter à nous demander si l’auteur avait envisagé une publication de son vivant), il se remémore ses premières impressions : « Quelle fut la surprise, ami lecteur, quel fut l'embarras d'un homme qui n'avait vu d'autres villes que Mamers, Le Mans et Mayenne, de se trouver seul, dans une vaste cour […], dévoré de faim, ne sachant de quel côté tourner la tête ! ».
Ainsi démuni et « affamé », l’abbé Fleury est donc fraîchement arrivé « dans une ville où [il ne connaissait] particulièrement que l’abbé Yvon et son maître de pension, l’un et l’autres [ses] compatriotes », chez lesquels, il décide en premier lieu de se rendre. Petit détail qui pourra intéresser quiconque s’intéresse de façon approfondie à la vie de Claude Yvon, Fleury nous indique qu’il vivait rue Charonne. Il précise même l’adresse où le dépose son cocher : « faubourg Saint-Antoine, rue Charonne, n° 26 ». Nous reviendrons sur cette rencontre les semaines prochaines.
Fleury reste à Paris durant six semaines. Il écrit à plusieurs reprises que le bruit dans les rues de cette grande ville l’insupporte, voire le rend souffrant. Ainsi, lors de son premier trajet, pour se rendre chez l’abbé Yvon : « Je ne vis dans tout le chemin que des prêtres, des croix de Saint-Louis, des enterrements, des voitures, des marchands de fruits, de légumes, qui me cassaient la tête parleurs cris perçants », et, plus loin : « le bruit des voitures augmentait celui de ma tête » …
Corentin Poirier