Paul Lecoq, agrégé de lettres classiques, inspecteur général de l’Education Nationale
Préfacier de l’ouvrage de M. Béchet.
Pour terminer sur les querelles caduques, nous évoquerons, enfin, la laïcité. Les grandes lois sur l’enseignement des années 1880 (créant une Ecole laïque, gratuite et obligatoire excluant les religieux de l’enseignement) ont débouché sur une rivalité scolaire très vivace, notamment dans l’Ouest de la France. A Gorron, comme ailleurs, la guerre scolaire entre l’Ecole publique et l’Ecole confessionnelle dite libre (créée par les autorités catholiques) ne s’est pas effacée pendant l’occupation.
A Gorron, l’école privée de filles a été ouverte en 1897, celle des garçons en 1911. La concurrence scolaire déclenchée alors n’était pas loin de s’éteindre. Elle existe encore de nos jours même si ses manifestations sont plus feutrées et les rapports entre les deux systèmes scolaires plus apaisés.
Cette rivalité, qui scindait les populations en deux, s’enracinait dans des conflits historiquement anciens. Conflits qui remontaient à la Révolution de 1789. Les élèves de l’école confessionnelle étaient dénommés chouans, en référence aux forces contrerévolutionnaires (Chouans et Vendéens). L’école publique était, elle, l’école du Diable.
Et si l’abbé Chaudet et le maire Dollé sont présentés par M. Lecoq comme des hommes à la même ouverture de cœur, cela n’effaçait pas pour autant les rivalités.