« La guerre n’a pas un visage de femme » (Svetlana Alexievitch)
Prix Nobel de littérature en 2015, l’auteure s’est spécialisée dans le recueil et la restitution de récits. Un véritable travail de littérature mais qui se heurte à certaines difficultés inhérentes à ce genre d’exercice.
Le matériau, tout d’abord, même s’il est remanié, est la reconstruction de la part des témoins, comme tout produit de la mémoire. On a le sentiment, parfois, que l’élan patriotique des jeunes filles qui se précipitent vers le front, est plus le fruit d’une imprégnation idéologique qu’un reflet fidèle de la réalité. Réalité qui semble bien présente, par contre, dans les récits des horreurs de la guerre. La dimension « féminine » de ces « farouches combattantes » paraît très crédible dans des préoccupations totalement décalées par rapport aux stéréotypes classiques qu’on retrouve dans les histoires de guerre.
Globalement, donc, l’ouvrage est fascinant. Il permet de changer de regard, ce qui fait tout son intérêt. La forme, cependant, même travaillée par l’auteure, ne peut empêcher un sentiment de répétition parfois fatiguant.