La transformation d’Adèle
Il ne fréquenta plus les maisons closes. Quant à Adèle, il décida de ne plus rien lui demander. Il répondait encore à l’appel de sa femme quand elle considérait que le devoir conjugal devait, malgré tout, être respecté. Mais ses appels s’espacèrent pour s’effacer totalement. Elle prétexta une santé fragile. Et c’est à ce moment qu’elle se mit à consulter Hyppolite Delacourt régulièrement. Un peu de neurasthénie avait-il diagnostiqué. Il plaisanta même avec Simonin en lui promettant de la remettre vite sur pied.
C’est vrai qu’Adèle changeait. Plus vive, plus gaie. Il avait même été très surpris quand elle revint dans son lit, un soir, après un bal organisé dans la commune. Jeanne, en ce temps-là, avait déménagé, suivant son mari dans une autre commune. Depuis Simonin s’était habitué et acceptait sans trop d’effort de ne plus avoir de relations sexuelles. Ce renouveau dura quelques semaines puis s’interrompit brutalement. Fidèle à ses principes, et n’ayant rien trouvé de nouveau dans la relation renouée, il accepta cette interruption, sans rien dire.
Quand Adèle lui annonça qu’elle était enceinte, il réagit à peine. Il ne se fit guère d’illusion. Jamais il n’avait pu avoir d’enfant. Il rassurait même ses rares maîtresses, avant son mariage, en plaisantant sur son infertilité. Et quand ils essayèrent, avec Adèle, d’avoir cet enfant que le grand-père réclamait, il ne dit rien mais s’amusa du courroux du beau-père. Inutile de lui faire ce plaisir. Cela faisait, de toute façon, déjà bien longtemps, qu’Auguste tonnait contre cet incapable de gendre.