La Pierre Tournante…
La confrontation
-« Que me vaut l’honneur d’une visite si matinale ? Vous n’êtes pas sérieusement malade j’espère ? »
Le ton était légèrement ironique. Hyppolite savait très bien que Simonin consultait un de ses confrères. Il ne lui avait jamais pardonné cette défiance. C’est ainsi que s’était construit le ressentiment entre les deux hommes. Par petites touches. Chacun voyant chez l’autre ce qu’il ne pouvait accepter en lui-même.
-« Il n’est pas question de santé, peut-être de médecine, certainement de justice. »
L’ironie du médecin venait de déterminer le ton de l’entretien. Simonin, au départ, avait l’intention d’être courtois. Mais il supportait mal qu’on puisse être condescendant à son égard. Delacourt n’était pas son beau-père. Avoir supporté le mépris de ce dernier le laissait peu disponible pour édulcorer ce qu’il avait à dire à ce personnage que, finalement, il détestait. Un silence s’établit entre les deux hommes. Le maire tendit le procès-verbal au médecin en lui demandant d’un ton sec de le lire.
-« A part l’écriture et la maladresse de ce pauvre Rouillard, je ne vois pas ce qui peut vous choquer..
-Je n’ai pas dit que j’étais choqué. Je m’interroge, simplement, sur certaines omissions.
-Ce n’est qu’un brouillon. Il y aura certainement quelques précisions à faire.
-Avez-vous eu connaissance de ce brouillon avant ce matin ? »