Une personnalité dérangeante
Hyppolite Delacourt n’avait pas beaucoup de patients ce matin-là. Il fit quand même attendre le maire dans un petit salon attenant à son cabinet. Hier, en fin d’après-midi, il avait eu la visite de Gaspard Rouillard qui l’avait informé de l’exigence de Simonin. La démarche avait irrité le médecin. Ce dernier avait même un peu rabroué le maréchal des logis. Il s’était ensuite repris. Gaspard avait été discret et n’avait pas parlé des consignes qu’il lui avait imposées pour la rédaction du procès verbal.
Simonin regardait le mobilier du petit salon. Il y voyait bien là la personnalité du médecin. Tout était moderne, neuf. Aucune âme. Ce n’était pas laid, loin de là. Mais pouvait-on réellement vivre dans un cadre aussi guindé, uniquement tourné vers le paraître ? Le couple devait ressentir du plaisir à montrer. Après tout, cela était peut-être tout aussi respectable que la recherche d’un confort un peu égoïste. Cette compréhension bienveillante fut vite balayée. Ce poseur d’Hyppolite le faisait volontairement attendre. Et il avait horreur de ça.
Le médecin vint à lui, tout souriant, la main tendue. Par la porte entrouverte, Simonin pu voir une jeune femme rougissante quitter précipitamment le cabinet. Le maire ne doutait pas qu’elle fut une patiente. Mais il ne pouvait s’empêcher de penser qu’Hyppolite usait et abusait peut-être de son charme, de sa position, pour jouer un peu avec les femmes fragiles. Il avait très mal vécu les fréquentes consultations d’Adèle, autrefois.