Epilogue
Le lendemain, il se sentait toujours fatigué. Et un bizarre mal de gorge l’intriguait. Il testa sa voix mais ne la reconnut guère. Elle était comme voilée. Au cours de sa promenade matinale, le mal de gorge s’accentuait dès qu’il empruntait un sentier difficile. Il crut, en passant devant l’arbre creux et la cache comblée, que l’émotion contribuait au resserrement de la trachée. Son dernier texte avait été vraiment éprouvant à écrire. Il rentra à la maison persuadé qu’il avait tout simplement besoin d’une pause. Un repos dans la marche et l’écriture.
Le repos ne dura guère. Il y avait bien sûr la lecture, la musique, la rêverie. Mais, si le mal de gorge avait disparu, il sentait un manque qui commençait, finalement, à lui peser. Il reprit ses sorties. Il goûtait les nuances de la température, les éclairages changeants. L’évolution rapide des perspectives, les ruptures dans la végétation, les dénivellations étayaient toujours son intérêt. Mais il n’y eut plus de rencontre, d’émotion soudaine et, surtout, plus d’envie d’écriture.
Une fin d’après-midi grise et humide, d’un gris pesant, il rentra à la maison particulièrement fatigué. Il s’allongea, après s’être préparé un thé très fort et écouta une symphonie de Schubert. Habituellement, il retrouvait dans ces conditions un calme et une détente physique qui éloignaient la fatigue. Cette fois, il s’endormit lourdement.
Il se réveilla brutalement, en sueur, la gorge particulièrement serrée. Il sentait comme un poids sur sa nuque et ses épaules. Ses bras étaient sans force et légèrement cotonneux. Il entendit, tout à coup, des bruits étranges. Comme si l’on frottait des pierres sur les murs de sa maison. Il pensa au vieux Payot quand une réelle frayeur le saisit.