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26 juillet 2015 7 26 /07 /juillet /2015 09:29
Le Taillis de la Mort…

Chapitre 5

Il faisait très chaud en ce début d’après-midi. Il décida de quitter les chemins traditionnels. Il souriait lui-même de son esprit d’aventure, vue la taille du Taillis. Il n’empêche que les feuilles et les brindilles écrasées pouvaient, à tout moment, laisser jaillir un serpent dérangé. Les risques n’étaient pas très grands de tomber sur une vipère, mais ils n’étaient pas nuls. Et même le plus petit orvet ou la lente couleuvre sauraient l’effrayer, il le savait. Il se souvenait de l’ombre ondulante et du bruit froissé, là, tout près de sa sandale. Sa peau qui s’était brutalement hérissée et la sidération paralysante qui l’avait saisi, ce jour de patronage.

Le jeudi après-midi, quand le temps le permettait, ils jouaient à « La Vie », dans le Taillis. Il sourit en pensant aux précautions de langage des abbés. La « Vie » était une étroite bande de tissu passée, dans le dos, autour de la ceinture. Il s’agissait d’attraper cette « Vie » afin que l’adversaire soit exclu du jeu, en évitant de se faire prendre la sienne. Excepté le fait que ces « Vies » pouvaient être échangées, symboliquement, ce jeu aurait pu s’appeler le jeu de la « Mort ». Mais cela aurait fait mauvais effet.

Il se souvenait alors des approches, rampant dans les fougères sèches, du camp adverse. L’odeur, avivée par le soleil, la crainte délicieuse qui lui dérangeait un peu les intestins, il les vivait là, maintenant qu’il piétinait les broussailles sur la pente du Taillis. Il s’arrêta un moment devant l’arbre creux. Tous les enfants connaissaient cette cachette. Elle ne servait plus à rien depuis bien longtemps et les débris s’étaient accumulés dans le tronc évidé, n’offrant plus guère de place pour se dissimuler. La cache, dans le sol, était, elle-même, pratiquement comblée. Il s’y arrêta tout de même.

Tout cela semblait bien rappeler les « Brigands » pourchassés par les soldats de la République. Mais il lui en fallait plus pour sentir l’envie d’écrire l’entraîner vers la maison, le papier bleu et la lampe verte. Il se dirigea alors vers le haut du Taillis. Combien de fois les enfants du patronage avaient-ils eu le projet d’établir leur camp au milieu des ronces, des broussailles, des arbustes emmêlés qui couvraient la partie touchant à la limite nord du bois ? Ils y avaient tous renoncé. De génération en génération.

Il tenta de pénétrer dans l’enchevêtrement végétal. Il fut très vite empêché. Il avait entendu dire que les « Chouans » vivaient souvent sous terre pour échapper aux « Bleus ». Il voyait un réseau sous-terrain communiquant entre l’arbre mort, la cache et le camp au milieu de la broussaille et des ronciers. Il sut alors que c’était le moment de rentrer et que la journée et une partie de la nuit seraient une nouvelle fois tournées vers l’écriture.

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