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Elle
« Quand je t’ai vu, moi-même sur la place, ce que j’ai pu ressentir est à l’opposé de ce que tu viens de décrire. Douceur, calme, abandon, avec une pointe de chaleur un peu moite. J’ai été obligée de faire un gros effort pour ne pas me jeter contre toi à la recherche de tes lèvres qui ne m’avaient pas quittée un instant pendant ces trois mois. J’étais devenue silencieuse, peu sociable. Ma mère avait attribué ce comportement à l’adolescence. Il faut te dire qu’il m’est arrivé, pendant cette absence, un phénomène physiologique incontournable qui marque fortement le développement de toute jeune fille.
Quand nous nous sommes retrouvés seuls, ce premier après-midi, que tu as passé en partie sur moi, dans l’herbe, j’ai connu un bouleversement que j’étais loin de m’imaginer. Il y eut, tout d’abord, l’annonce de tes deux flirts. Je connaissais déjà des moments de tristesse, des sentiments d’abandon sans raison apparente. Je me retrouvais alors, allongée sur mon lit, la chambre fermée à clé, refusant de répondre aux sollicitations de ma mère. Ce que j’ai ressenti après tes aveux était du même ordre mais d’une puissance insoupçonnée. Je n’étais même pas en colère contre toi. Je pleurais, sans pouvoir m’arrêter, et j’aurais voulu que tout s’arrête là, dans tes bras.
Tes baisers, tes caresses, tes explications embarrassées me faisaient du bien. Et puis, il fallait bien y croire pour rester encore en vie. Quand tu t’es allongé sur moi, j’étais épuisée. Je crois que si tu l’avais voulu je me serais donnée à toi. Malgré mon âge. Malgré les dangers, cette fois plus explicites, décrits par ma mère. Mais tu continuais à parler, à bouger doucement. Je sentais ton sexe dur contre le mien. Je crois que je découvrais clairement ce qu’était le désir sexuel.
C’est pourquoi, les jours suivants, j’ai laissé ta main glisser sous ma jupe. Et le soir où tes doigts sont allés plus loin, sous l’étoffe, j’ai connu un plaisir qui dépassait tout ce que j’avais pu moi-même, seule, me donner. Car il y avait tes lèvres, ton corps contre le mien. J’ai passé le reste des vacances à goûter pleinement notre nouvelle relation. Chaque jour j’étais impatiente tout en craignant un peu ce qui allait se passer.
Quand je suis repartie, j’étais heureuse de t’avoir retrouvé, un peu frustrée mais aussi soulagée que tu n’aies pas essayé de faire l’amour comme les grands. Je m’interrogeais tout de même un peu. Pourquoi insistais-tu pour inlassablement me toucher après même le plaisir que je venais de prendre ? Tu as eu l’air inquiet quand j’ai évoqué cette interrogation le dernier soir. J’aurais voulu passer nos dernières heures dans tes bras, calme, détendue. »