La « Saga Gorronnaise » est terminée. Si elle était un jour éditée je vous en ferais part. J’ai pris conscience, au fil des semaines, que sa longueur pouvait dissuader les lecteurs. A partir de cette semaine, le roman présenté ici est beaucoup plus court et surtout composé de chapitres pouvant être lus séparément. Il se déroule sur la commune de Gorron et, plus précisément, au Taillis de la Mort que les habitants connaissent bien. Il s’agit, là-aussi, d’une fiction. La dimension historique y est moins présente. L’imaginaire beaucoup plus fort. Et la poésie aussi, j’espère… Je l’illustrerai de photos, prises à différentes saisons, de ce lieu qui a occupé une place importante dans les rêveries de certains adolescents gorronnais.
JC
Chapitre 1
(Où il est question du narrateur)
« Taillis de la Mort, parcours de santé ». Il n’est pas sûr que le rédacteur de la modeste plaquette touristique ait bien perçu l’humour de ce bel oxymore. Ce fameux taillis a une bonne place dans la mémoire collective de notre village. Un lieu de promenades familiales, d’aventures et de découvertes enfantines et adolescentes. La mort faisait tellement mauvais ménage avec la douceur de cette petite vallée glaciaire qu’on a tenté d’en changer le nom : Taillis de l’Amour, semblait mieux adapté. Mais l’histoire est têtue. Il y avait bien eu quelques fusillés au pied de ces roches parsemant les broussailles. Et on peut douter du fait que les vandales, en tordant la croix métallique scellée sur une de ces roches, avaient pour seule ambition d’adoucir le nom du site. Quoi qu’il en soit, on n’efface pas l’horreur d’un lieu de supplice par un simple trait de vocabulaire. Le Taillis de la Mort est bien présent sur les listes nominatives de recensement de la population du village, scrupuleusement dressées dès le 19ème siècle. Et si la maison a de nos jours disparu, une famille habitait bien là, près de la rivière serpentant dans la petite vallée souvent inondée.