Y a-t-il des guerres justes ?
Pas de réveil au cours de la nuit et pourtant le sentiment d’un sommeil agité. Pas de transpiration excessive non plus mais, au moment de mettre le pied par terre, le sain, pas l’autre, une impression inhabituelle. Je ne parlerai pas d’étourdissement mais la tête est un peu lourde et cotonneuse à la fois. Je suis resté quelques minutes assis, espérant un rapide retour à la normale. La gêne a diminué, elle n’a pas entièrement disparu. Pendant ces quelques minutes, j’ai repensé à un des rêves de la nuit. Il y en a eu certainement d’autres qui ont été oubliés. Mon médecin m’accompagne dans une salle de soins. Il est, comme d’habitude, plutôt détendu et chaleureux. Par contre, à l’aide de l’infirmière, il m’installe des électrodes sur différentes parties du corps et prépare des perfusions. Ils sourient tous les deux en m’annonçant que cela allait être sans doute un peu douloureux. Je les interroge sur la cause de ces investigations en précisant que je n’avais rien demandé, que je ne me sentais pas malade. Tout en continuant à sourire ils me parlent comme à un enfant. Allons, soyez raisonnable, vous savez bien de quoi il s’agit. Je commence à m’énerver un peu et à m’agiter alors qu’ils m’attachent bras et jambes avec des sangles trop serrées. Après, plus rien ou tout du moins plus de souvenirs…
Ce rêve me trotte dans la tête une bonne partie de la matinée. Seules les nouvelles du monde m’en distraient un peu. La chambre des députés a accordé des pouvoirs accrus au gouvernement, notamment en matière de défense nationale. Que craignent nos gouvernants ? L’Allemagne a des revendications territoriales excessives, certes. Mais sommes-nous directement concernés ? Rien ne peut justifier le déclenchement d’une nouvelle guerre. L’Homme se révèle tellement violent, tellement barbare, les valeurs humanistes sont si rapidement bafouées dans cet état effroyable… Une seule victime innocente condamne tout recours à la force armée. Ne vaut-il pas mieux être allemand que mort ? A peine formulée, cette pensée me dérange un peu. Mais la souffrance ressentie dans ma fonction de maire quand ma visite bouleversait des familles innocentes revient en force. Je n’étais sans doute pas responsable bien que je fisse partie des patriotes intransigeants. Mais la culpabilité s’était lentement installée, insupportable. D’autant plus, peut-être, que ma réforme me protégeait des risques de la guerre.